EDITORIAL : l’économie guinéenne entre espoir et incertitude

L’année 2020 s’annonce avec des signes d’espoir pour l’économie guinéenne, qui va enregistrer un flux important d’investissements directs étrangers (IDE), dans   le secteur minier, où plusieurs  projets vont être relancés, notamment la mine de fer du Nimba, le Simandou et Zogota, dans la région forestière. Le seul bémol est que 2020 risque d’être une année de forte tension et de convulsion sociale, avec  les législatives annoncées pour le  16 février et la présidentielle prévue en fin d’année.

Le président Alpha Condé a mis du baume au cœur des populations de la région forestière en annonçant le 16 novembre dernier la relance des projets miniers du Nimba, de Zogota et du Simandou. Des projets qui avaient été mis sur pied avant de connaître des coups d’arrêt.

Il s’agit là certes de promesses de campagne en faveur du troisième mandat devenu une obsession pour le camp présidentiel. Mais la relance de ces projets pourrait des opportunités pour les populations de cette région, fortement paupérisées par le manque de perspectives.

D’ailleurs, les choses semblent s’accélérer à ce niveau, avec la nomination de l’ancien Premier ministre Mamady Youla, au poste de Président directeur général en charge du développement du projet d’exploitation des gisements de fer de haute teneur du Nimba.

A noter que la SMFG est une filiale de la société High Power Exploration Inc. (HPX), groupe privé américain dirigé par son fondateur et président-directeur.

Quant au projet Simandou, c’est le consortium singapourien-sino-guinéen qui a décroché les blocs 1 et 2 du gisement de fer guinéen. Le consortium s’est engagé  dans la foulée  à construire le Tranguinéen ainsi qu’un port minéralier à Matakong, en Basse Guinée.

Près de 3 milliards de dollars us d’investissements sont attendus dans la première phase d’exploitation de ce projet ambitieux.

Le minerai de fer de Zogota qui suscite aussi des convoitises dans le sud-est de la Guinée sera exploité par la compagnie britannique Niron Metals Plc.

Niron Metals Plc qui appartient au magnat britannique Mick Davis va  faire transiter son minerai par le Libéria.

On sait que les mines ne créent pas autant d’emplois qu’on le fait croire, mais la mise en œuvre de ces projets miniers permettra d’augmenter la circulation fiduciaire dans la région. De quoi alimenter les autres pans du secteur primaire tertiaire, tels que l’agriculture, la pêche entre autres.

Les populations de la Guinée forestière peuvent donc rêver à voir leur sort s’améliorer pour l’année nouvelle. Et cette abondance pourrait se rependre aux autres régions du pays. Il faudra juste implorer la providence pour que notre pays ne soit pas le théâtre de convulsions sociales. Quand on sait que les élections en vue, à savoir les législatives et la présidentielle agitent déjà les esprits.

L’année 2019 a donné un avant-goût de cette poussée de fièvre. Avec la création du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), qui se fixe pour objectif d’empêcher la présidence à vie.

Les manifestations de rue consécutives à cette épreuve de force avec l’exécutif qui entretient le flou autour de ses ambitions, a affecté la santé de notre économie.

Même si  sur le plan macroéconomique, le président de l’Assemblée nationale Kory Koundiano qualifie les résultats de satisfaisants, avec une croissance économique qui tourne autour de 6%. C’était à l’occasion de l’ouverture des travaux de la dernière Session budgétaire de cette législature.

Kory Kondiano a ajouté dans sa lancée que  les perspectives de croissance à moyen terme de la Guinée restent « positives ». Il reconnait tout de même  ‘’l’environnement sociopolitique tendu du fait des très prochaines échéances électorales et d’une conjoncture mondiale un peu moins favorable.’’

Une note de la Banque mondiale publiée récemment situe elle à 9,8 % l’inflation, pour l’année 2018.

L’institution de Bretton woods souligne que « l’économie guinéenne reste confrontée à deux risques majeurs en 2019 : le pays doit maintenir le cap des réformes macroéconomiques et budgétaires et assurer la stabilité sociale et politique. »

Ce qui est également réel pour 2020.

Lamine Mognouma Cissé