Edito : le défi de sécuriser les investissements

Réélu au terme du scrutin présidentiel d’octobre 2020 avec 59,5% des suffrages, le président Alpha Condé veut imposer à son pays une nouvelle gouvernance caractérisée par une lutte sans merci contre la corruption et des investissements accrus dans les secteurs vitaux de l’économie.

Un troisième mandat de mieux pour la Guinée ? C’est du reste ce que le Chef de l’Etat veut faire croire à ses compatriotes. Un sextennat dont le début s’annonce très agité avec une vaste opération de récupération des domaines publics et des contrats de performance impliquant les principales régies financières.

Dans cette dynamique, Alpha Condé veut l’implication sans faille de toutes les parties. Les investisseurs y compris. Son intervention à l’endroit de la Société Financière Internationale (SFI), la branche de la Banque mondiale qui finance le secteur privé, à l’ouverture du forum sur les investissements (GUIF 2021), le 24 février, à Conakry, en dit long sur sa volonté à obtenir l’engagement de toutes les parties. « Vous avez promis des investissements qui n’ont pas servi au peuple de Guinée. Ces investissements ont servi au monopole.

Vous avez fait l’investissement à Alcoa et à Sheraton, mais très peu d’investissements au niveau des investisseurs guinéens. Ce que nous souhaitons désormais, c’est qu’effectivement, la SFI finance les hommes d’affaires guinéens. »

Le chef de l’Etat guinéen a fait son choix. Celui de redynamiser et de diversifier l’économie tout en ouvrant un front contre la gabegie et la corruption.

Il croit fermement que la Guinée dispose de potentialités à même de l’aider à se passer des aides budgétaires et prêts concessionnels. Pour y parvenir, il annonce un audit des revenus issus des secteurs comme les mines, les télécommunications et les banques. Un véritable défi de gouvernance qu’il veut expérimenter pour bonifier les résultats engrangés sur ses deux premiers quinquennats.

« Notre travail sera que toutes les ressources guinéennes rentrent dans les caisses et que nous ayons une gestion plus rigoureuse que ce que nous demandent nos partenaires. Nous avons d’immenses potentialités agricoles, minières etc. mais ça ne sert à rien de les avoir si on ne les développe pas. Nous sommes donc décidés à développer toutes ces potentialités dans l’énergie et les infrastructures, ainsi que les chaînes de valeur ».

En plus des mesures déjà taguées de « rigoureuses » et une politique de digitalisation de l’administration, Alpha Condé promet aux investisseurs, une sécurité des investissements. « Avec la dématérialisation, nous nous rendons compte que beaucoup de recettes ne rentraient pas. Nous allons faire en sorte que toutes ces recettes rentrent. La Guinée va faire sa révolution culturelle aussi bien au niveau des dirigeants qu’au niveau des populations. Nous allons faire voter des lois extrêmement dures. »

Tout en lançant l’appel aux investisseurs étrangers, Alpha Condé s’emploi à rassurer que le pays est ouvert à tout investisseur. Pour peu qu’il ait la méthode et les moyens de matérialiser ses bonnes intentions. D’après lui, il n’existe aucun monopole en Guinée. Et l’ouverture du pays se manifeste par la présence de compagnies américaine, russe, indienne et britannique.

Pour lui, le besoin est plus pressant dans l’agrobusiness. Mais que son gouvernement est décidé à prendre toutes les mesures pour mettre fin à l’anarchie.

Tous ces appels augurent des perspectives prometteuses. Mais encore, faut il rassurer les investisseurs. Les politiques doivent œuvrer pour un climat apaisé. La justice et les forces de sécurité doivent de leur côté rompre avec les pratiques nuisibles à l’investissement.

Lamine Mognouma CISSE