Emergence – Pour son troisième mandat, le premier de la quatrième République, si on peut se permettre une expression aussi tortueuse, le Président de la République, au nom de sa politique « Gouverner autrement » qu’il entend désormais imprimer à sa gouvernance qui était fait de laisser-aller, donc du bric et de broc, a soumis à son administration un contrat de performance. C’est sans doute un devoir de rendre compte pour les cadres qui n’avaient aucune contrainte d’être.
Pour l’heure, ce sont les régies financières de l’Etat, qui, pour des besoins liés au renflouement rapide des caisses creuses abusivement trop souvent sollicitées, qui sont à l’épreuve du changement de paradigme qu’ambitionne le Chef de l’Etat.
Elles ont été amenées par leurs hiérarchies à s’engager à doubler leurs recettes en deux ans. Il s’agit de la Direction générale des impôts, la Direction Générale des douanes et le trésor. Les objectifs assignés notamment à l’administration fiscale est de 23 mille milliards et les douanes devraient un peu moins, près de 20mille milliards.
Malgré la dématérialisation des procédures avec l’utilisation en vigueur de l’outil E-Tax, le pari demeure pratiquement intenable. Des économistes les plus affutés estiment que c’est une utopie de demander cela pendant que l’activité économique est sérieusement affectée par la crise sanitaire, pendant que des gros contributeurs clôturent l’année avec de gros déficit, et d’autres mettent la clé sous le paillasson.
Le Dr Ousmane Kaba, chez nos confrères de Djoma, va ironiser en disant que c’est fou d’imaginer cela. « C’est une vraie sorcellerie. Aucun communiste sérieux ne peut s’engager à atteindre un tel objectif aussi utopique » a-t-il ajouté
On peut donc dire que ça a tout l’air d’une propension de bonne foi de la part d’un Président de la République qui a désormais envie de mieux faire.
Pour se rendre compte de l’impossibilité d’atteindre cet objectif, il est important de rappeler, que les structures concernées doivent réaliser à la fin de l’année 150% de mobilisation des recettes. Autrement dit, elles doivent atteindre leur objectif et réaliser un excédant à hauteur de 50%. Quelle utopie !
Tenez-vous bien, au septième mois de l’année, ces structures étaient à un taux d’exécution qui lorgne les 50% . Pour des structures qui doivent être à taux d’exécution de 150% en fin d’exercice, ça veut tout dire.
Mieux, on entend aussi que les moyens n’accompagnent pas les objectifs.
En outre, le bénéfice qu’il y a à tirer dans cette obsession affichée du Président à doubler les recettes , d’ici deux ans, est la garantie du dévouement des responsables de ces régies et la qualification de leurs gestions à travers la dématérialisation des procédures.