ENQUÊTE / Doko Gold Mining : des combines autour du renouvèlement d’un permis pourtant devenu caduc

Emergence – Le renouvellement du permis d’exploitation semi-industrielle pour l’or de Doko Gold Mining est le dossier qui pollue l’actualité dans le district de Doko, relevant de la ville aurifère de Siguiri. Les populations de cette localité ne veulent plus de la société. C’est du moins ce qu’elles disent plus haut quand on leur demande les nouvelles de celle-ci.

En dépit de tout, la société, avec les mêmes propriétaires, est partie pour y demeurer, car les tractations vont bon train dans le but de renouveler un permis pourtant annoncé caduque par l’autorité de tutelle.

 

C’est le 21 juillet 2016, suivant le décret No D2016/235/PRG/SGG portant octroi d’un permis d’exploitation de cinq ans, signé de l’ancien Président Alpha Condé, que   Doko Gold  Mining S.A rafle le droit minier qui couvre une superficie de 10 km².

 

De cette date, jusqu’à l’expiration dudit permis, pratiquement grand-chose n’a pas été réalisé conformément aux engagements contractuels de la société.  En témoigne le courrier en date du 7 septembre, soit deux jours seulement après le coup d’Etat, signé PO par le Secrétaire général du ministère des Mines qui assurait à l’époque l’intérim de la gestion des affaires courantes.

 

« Nous sommes au regret de constater que depuis l’octroi du titre d’exploitation à la vôtre société (Ndlr: Doko Gold Mining), jusqu’à l’expiration de sa date de validité, les engagements qui incombent à la société conformément aux dispositions du Code minier et de ses textes d’application n’ont pas été respectés ; et ce malgré les mises en demeure adressées à cet effet », signifie Sadou Nimaga.

 

« Par conséquent, nous vous notifions la caducité du permis d’exploitation semi-industriel pour l’or et minerais associés qui avait été attribué à votre société », notifie le Secrétaire général d’alors.

Patatras !  A partir de novembre 2021, une nouvelle équipe dirigeante est nommée au ministère des mines. Le ministre Moussa Magassouba décide d’accorder une autre chance à Doko Gold Mining pour pouvoir renouveler le contrat. Cela est décidé malgré les constats identiques de manquements graves avérés au Code minier, aussi bien dans l’investissement, le payement des taxes que dans la procédure de renouvellement qui devrait être engagée, selon la loi en vigueur, six mois avant l’expiration du permis. Non pas après l’expiration, comme c’est le cas présent avec la société.

 

Début novembre 2022, un moratoire de 45 jours est donné à la société pour corriger tous les manquements constatés.

 

Sur cette démarche, les observateurs avertis ne manquent pas d’interrogations. « C’est ridicule tout cela. Comment une société qui a fonctionné pendant 5 ans en violation des règles du Code minier peut-elle corriger ses manquements en 45 jours ? Il y a juste anguille sous roche. Des non-dits qui sentent de la corruption », susurre-t-on dans le milieu des Mines.

 

Bien avant, comme une mise en scène, un ordre de mission en date du 20 juillet 2022, signé par le Directeur du CPDM d’alors, Moussa Sidibé, est émis pour permettre aux cadres spécialisés du département d’aller constater sur le terrain les actes posés par la société dans le cadre de l’exécution de son contrat. Là aussi, bizarrement, l’équipe devant faire ce travail d’inspection est composée des travailleurs de la société. C’est comme pour dire, qu’ils doivent aller apprécier et rapporter le travail qu’ils ont eux-mêmes faits.  Quel mufle !

En dépit de tout, la société est en phase d’obtenir un nouveau permis à travers un procédé détourné.

Interrogé par notre rédaction, son gérant, Nounfodé Doumbouya, a ses arguments. « Nous avons introduit une demande pour avoir un permis de recherche sur le même site. Ce qui veut dire que nous allons reprendre toutes les études. Par la suite, nous allons introduire une nouvelle demande pour obtenir un permis d’exploitation.  On est surs d’y parvenir cette fois-ci », précise le visage tutélaire de la société.

 

A propos, un autre observateur, spécialiste des mines réagit. « L’Etat accorde un permis sur la base des différents engagements. Quand la quantité n’est pas connue d’avance, l’Etat accorde un permis de recherche afin de connaitre la quantité et la qualité du minerai.  A cet effet, on te demande une étude de faisabilité. Puis l’étude d’impact environnemental et social.  Pour eux, c’est un permis semi industriel. Quand aucun engagement n’est respecté conformément au code minier, comment peut-on avoir confiance aux mêmes personnes. Mieux, à ce jour, on connait la quantité et la qualité des minerais sur l’espace à exploiter. Intitule à cet effet de donner un permis de recherche. Ce qu’il faut faire, c’est de procéder par un appel d’offres. Même avec ça, cette société est disqualifiée », a réagi ce spécialiste.

La question de savoir pourquoi rien n’a été fait sur le site jusqu’à l’expiration du permis ?  A cette question fondamentale, M. Doumbouya répond. « Quand on dit que rien n’est fait, c’est pas vrai. Nous avons payé des taxes à la communauté, contrairement à ce qui se dit. Nous avons aussi payé ce qu’on devait payer à l’Etat. Le PDG de la société à l’époque a investi près de 10 millions dollars. Des véhicules ont été achetés, une laverie installée, un barrage en cours de construction, une cité construite. Ce qui restait c’est la phase d’exploitation de la mine. Et pour cela, on en veut à beaucoup de personnes qui ont mis les battons dans nos roues », dit-il.

Dossier à suivre !

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