Crise à la SOGUIPAH : le ministre de l’Agriculture annonce le paiement des travailleurs

Emergence – La société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéa ( SOGUIPAH) traverse une crise profonde. Les 4 500 employés peinent à entrer en possession de leurs salaires depuis plusieurs mois. Interpellé ce lundi sur le sujet, le ministre de l’Agriculture Mamoudou Nagnalen Barry a apporté des précisions et tenté de rassurer.

La première révélation faite par le chef du département de l’Agriculture est que 1800 travailleurs auraient été employés l’année dernière. « On ne sait pas trop quel a été le motif de leur recrutement. Parce que c’est une société qui a été déficitaire  pendant des années. Peut-être que c’est pas vrai. Vous savez, nous sommes dans un pays de rumeurs. C’est pour cela, nous avons sollicité les documents de l’entreprise que nous sommes en train d’examiner. On essaie de trouver des solutions structurelles aux problèmes structurels », a-t-il dit.

M. Barry annonce que le département est à pied d’œuvre pour que les travailleurs soient payés cette semaine.

« Les salaires à la SOGUIPAH vont être payés cette semaine. L’équipe va bouger mercredi. On est en train de travailler sur les documents. On est très préoccupé par les questions de salaires. On sait tous qu’il y a des fictifs beaucoup d’entités. Pour la SOGUIPAH, on le sait pas encore. Nous sommes préoccupés par la sauvegarde du patrimoine de l’Etat. Nous sommes dans un dilemme, a signifié Mamadou Nagnalen Barry.

Plongée depuis plusieurs années dans une crise managériale qui a plombé ses finances, la SOGUIPAH, fleuron de l’industrie agricole guinéenne, ne parvient plus à honorer ses engagements vis-à-vis de ses travailleurs et ses clients. Pourtant, soutiennent plusieurs sources concordantes présentes à Diécké, préfecture de Yomou, où se trouve l’unité industrielle, la société évacue fréquemment ses produits finis et semi-finis en direction du Liberia et de la Sierra Leone. « Le caoutchouc, l’huile et le savon partent régulièrement dans des containers », confie une employée que nous avons pu joindre.

Plusieurs délégations de travailleurs sont arrivées à Conakry depuis la prise du pouvoir par le CNRD dans le but de rencontrer le président de la transition. Mais ces délégations qui ne parlent pas le même langage se seraient retournées sans résultats tangibles.

Las de vivre dans l’incertitude et face à l’accumulation des arriérés, les travailleurs ont adressé le 25 novembre au directeur général de la Soguipah, Michel Beimy (photo), un préavis de grève dans lequel ils égrainent 29 points de revendications. Les exigences partent de la mise en place d’un calendrier annuel de paie, à l’augmentation de la grille salariale. Ils demandent aussi la mise en place d’un magasin de denrées alimentaires pour les travailleurs, le paiement des allocations familiales, l’extension des usines et des plantations industrielles de palmiers à huile et d’hévéa, la rénovation des cités ouvrières, la remise des primes d’intérim, le paiement des primes de fêtes religieuses et le paiement de la prime de fin d’année (le treizième mois).

Faite de quoi, les travailleurs menacent d’entamer une grève à compter du 7 décembre.

Alpha Mamoudou Diallo