Bauxite : du rêve d’un eldorado minier au cauchemar pour les travailleurs de Cosco Shipping

Emergence – Début février, la compagnie State Power Investment Corporation (SPIC) lançait définitivement l’exportation de sa bauxite à partir du Port de Verga dans la préfecture de Boffa. Pour les employés de cette compagnie chinoise et ceux de ses nombreux sous-traitants, l’heure d’une vie radieuse sonnait ainsi. Mais dix mois après, l’enthousiasme cède peu à peu la place au désenchantement pour la centaine de travailleurs guinéens de Cosco shipping.

Cosco Shipping est une compagnie sous-traitante qui s’occupe du transport du minerai de bauxite, de son stockage et de sa livraison aux usines chinoises. Ses employés viennent de mettre fin à une grève.

Le mouvement de débrayage avait pour objectif l’amélioration des conditions de vie et de travail. Car le démarrage de la production a presque commencé avec les difficultés chez les salariés nationaux.

Les informations obtenues par Emergence soutiennent que ceux-ci avaient passé plus de quatre mois sans contrat de travail. Par la suite, les contrats qui leur seront soumis pour signature, au pied levé, proposeront dans un premier temps des salaires de base dérisoires de 900 000 et de 1 450 000 francs guinéens. Des négociations âprement menées sous la conduite des autorités préfectorales et régionales amèneront Cosco Shipping à procéder à une augmentation de 100 000 francs guinéens. Pas plus. Soit 1 000 000 de francs guinéens et 1 500 000 francs guinéens.

Pour la suite, seuls les travailleurs savent décrire leurs conditions. « Nos conditions sont invivables et avec la cherté de vie, les indemnités de logement et de transport ne suivent pas », expliquent un travailleur que nous préférons taire le nom par souci de sécurité. « La réalité est différente de celle des autres compagnies minières », ajoute notre interlocuteur.

A Cosco Shipping, pas de délégation syndicale. Les tentatives des employés se seraient heurtées à un refus catégorique des patrons chinois.

Le contenu local chanté sur tous les toits par le gouvernement serait aussi foulé aux pieds. « Vous ne pouvez pas parler d’expérience puisqu’on vous recrute pour un domaine donné et on vous donner un autre emploi. Même les pickups sont conduits par les ressortissants chinois et quand vous parlez, on vous fait savoir que le conduire doit savoir lire et parler la langue chinoise », déplore un autre travailleur mécontent.

Faute de syndicat et d’une inspection générale de travail regardante, les travailleurs de Cosco Shipping ont l’impression d’être pris dans un étau. La plus part des contrats des 82 salariés arrive à leur terme. L’occasion semble opportune pour la compagnie de frapper. Nos sources révèlent que 23 personnes actives dans la défense des intérêts des travailleurs sont sur le point de partir. Leurs contrats n’ayant pas été reconduits. Les notes de résiliation publiées ne sont pas signées.

On rappelle que le terminal portuaire géré par Cosco Shipping est censé exporter entre 5 million et 7,5 millions de tonnes de bauxite par an. SPIC a exporté 405 327 tonnes de bauxite durant le troisième trimestre de l’année en cours, selon les donnée du ministère des Mines et de la Géologie.

Nos efforts pour joindre les dirigeants de Cosco Shipping ou encore SPIC se sont avérés vains. Nous reviendrons y reviendrons.

Ousmane Sylla