Emergence – La Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) serait empêtrée dans un trafic d’or. Ce sont nos confrères Lepetitdepute qui ont mis la puce à l’oreille des Guinéens. Le media en ligne révèle que M. Karamo Kaba, le Gouverneur de la BCRG, est dans une dynamique qui expose l’État guinéen à des risques énormes : instabilité de la politique monétaire et de change, non-conformité aux normes des opérations financières de l’État. La liste n’est pas exhaustive.
Même qu’une crise se pointe à l’horizon au Comité d’agréments qui est un organe décisionnel indépendant présidé par le Gouverneur.
Il parait que la BCRG s’est mise à acheter de l’or avec les orpailleurs dont certains utilisent des méthodes prohibées par les normes internationales. Une première opération aurait été effectuée en mars dernier où quatre banques primaires (Ecobank, BPMG, FNB, SG) ont chacune reçu de la BCRG, la cagnotte de 600 milliards de francs guinéens. Des sources à la BCRG et dans certaines banques concernéesrévèlent que les magouilles s’opéreraient au niveau des prix d’acquisition de l’or et surtout au niveau du taux de conversion entre le dollar et le franc guinéen (GNF). Le topo est simple : la BCRG utilise le cours du marché noir qui est plus élevé (9 200) pour virer les francs guinéens (GNF) aux banques primaires citées plus haut ; ensuite, les dollars sont revendus par la BCRG, mais cette fois-ci au fixing BCRG (8 500).
Des professionnels du secteur les orpailleurs affirment que si la BCRG achète de l’or avec des orpailleurs qui utilisent des méthodes prohibées par les normes internationales, elle sera obligée de supporter les frais de raffinage et de consignation.
L’autre hic, cette opération d’achat d’or s’effectuerait dans une opacité totale où les acteurs seraient les clans favorables au Gouverneur Karamo Kaba.
Du côté de la BCRG, on balaie d’un revers de la main ces accusations de trafic. On estime que c’est tout à fait légal que la BCRG se réapprovisionne en or pour fortifier sa trésorerie. Surtout que l’or est une composante importante des réserves des banques centrales en raison de ses caractéristiques de sécurité, de liquidité et de rendement, soient les trois principaux objectifs d’investissement des banques centrales.
Le Responsable de la communication de la BCRG, Moussa Mansaré, se demande en quoi acheter de l’or est un crime commis par la BCRG.«Toutes les Banques centrales du monde font ces genres d’opération. Si on a un stock d’or, pour nous c’est même plus insignifiant par rapport à certaines banques centrales du monde. Je me demande en quoi c’est un crime. En fait en Guinée, on aime trop créer du buzz même pour une petite chose de normale, on en a fait quelque chose d’anormale.Pour moi, ce sont des rumeurs. La Banque centrale peut céder de l’or à des partenaires à l’étranger, envoie des devises, pourquoi le faire sur le marché local ? Ceux qui vous le disent, ils n’ont qu’à apporter les preuves. Parce que sur la question, nous sommes devenus très tatillons et très offensifs. On s’est rendu compte que d’aucuns aiment faire du buzz par rapport à cette information-là, nous avons dit qu’on va se prémunir d’arsenal nous permettant de nous défendre. C’est non seulement l’image de la banque, mais vis-à-vis des partenaires, c’est jeter de la suspicion sur les opérations de la banque centrale. Ce qui n’est pas de nature à rehausser notre cote au niveau de nos partenaires», nous a dit au téléphone M. Mansaré.
Toutes nos tentatives d’avoir la réaction de l’Union nationale des orpailleurs de Guinée (UNOG) sont restées vaines. Jusqu’à la publication de cet article, nous n’avons pas eu de réponse au mail que nous avons envoyé à l’UNOG.
Ce qui est sûr, ce n’est pas la première fois qu’une opération d’achat d’or de la BCRG soulève des inquiétudes chez les acteurs du secteur de l’or. L’on se rappelle qu’en février 2015, les orpailleurs de Guinée avaient manifesté leur colère face à la décision de la Banque Centrale d’acheter l’or à Conakry et à Kankan à toute personne physique ou morale habilitée. Ils accusaient la BCRG de mener des activités commerciales sur leur dos, de concurrence déloyale.
Naplèlon