Cheminots, postiers, dockers : le Royaume-Uni connaît ses pires grèves depuis des décennies. Le mot d’ordre est partout le même : de meilleurs salaires.
Des cheminots aux postiers, en passant par les dockers… Le Royaume-Uni fait face à des grèves d’ampleur, ce jeudi 18 août. Les mouvements sociaux devraient être de retour samedi, en ce qui concerne les chemins de fer. Ces débrayages ont lieu pour réclamer de meilleurs salaires face à une inflation au plus haut et un pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil. Des dizaines de milliers d’employés des chemins de fer britanniques sont appelés à cesser le travail par les syndicats RMT, TSSA et Unite, le nouvel épisode de la plus grosse grève en 30 ans dans le secteur, entamée fin juin.
En cette période de vacances scolaires, Network Rail, le gestionnaire public du réseau, a prévenu que seul un train sur cinq circulerait, appelant les Britanniques à ne voyager « que si cela est absolument nécessaire ». Vendredi, l’ensemble du réseau de transport de Londres devrait être quasi paralysé, et restera très perturbé pendant tout le week-end. Dimanche, les dockers du port de Felixstowe (est de l’Angleterre) – le plus gros pour le fret dans le pays – commencent une grève de huit jours, menaçant de mettre à l’arrêt une grande partie du trafic de marchandises du pays.
Partout le mot d’ordre est le même : les employés réclament des hausses de salaires en phase avec l’inflation, qui a atteint en juillet 10,1 % sur un an au Royaume-Uni et pourrait dépasser 13 % en octobre , selon les prévisions de la Banque d’Angleterre. Le pouvoir d’achat est mangé par les hausses de prix à une vitesse record, ce qui « démontre le besoin vital […] de défendre la valeur de la rémunération des travailleurs », assure dans un communiqué Sharon Graham, secrétaire générale du syndicat Unite, l’un des principaux du pays.
115 000 postiers en grève entre fin août et septembre
À l’appel du syndicat sectoriel CWU, plus de 115 000 postiers britanniques ont prévu quatre jours de débrayage entre fin août et début septembre, et quelque 40 000 employés de l’opérateur de télécoms BT poursuivront leur première grève en 35 ans. Des actions sont prévues – ou ont eu lieu – dans les entrepôts d’Amazon, chez les avocats pénalistes ou parmi les éboueurs. « Les employeurs font leur possible pour aider leur personnel à traverser cette période », a assuré mardi le syndicat patronal CBI dans un communiqué. « Mais une large majorité ne peut se permettre d’augmenter suffisamment les salaires pour suivre l’inflation », a-t-il fait valoir.
Certaines grèves ont pourtant été récemment évitées à la dernière minute, à la suite d’offres de rémunération jugées satisfaisantes. C’est le cas de salariés d’une entreprise de ravitaillement en carburant à l’aéroport d’Heathrow , qui menaçaient de perturber le trafic et ont finalement renoncé à débrayer. Des personnels au sol de British Airways , qui demandaient au minimum le rétablissement de salaires amputés de 10 % pendant la pandémie, ont accepté une hausse de 13 % et levé la grève.
Des intérimaires pour remplacer les grévistes
Si les cheminots poursuivent leur mouvement jeudi, c’est que les négociations avec la multitude d’opérateurs privés du secteur sont dans l’impasse. Ils ont aussi rejeté une offre salariale de Network Rail qu’ils accusent d’être conditionnée à des licenciements massifs. Le ministre des Transports, Grant Shapps, qui a refusé de s’impliquer directement dans les discussions, est pointé du doigt par les organisations, accusé de ne pas donner de mandat suffisant aux entreprises pour négocier.
Autre motif de colère syndicale : le gouvernement vient de modifier la loi afin de permettre le recours à des intérimaires pour remplacer les grévistes. Le célèbre grand magasin de luxe londonien Harrods a été « le premier employeur à menacer son personnel » de faire usage de cette loi, alors que certains employés votent actuellement une éventuelle grève, selon Unite. Les mouvements pourraient durer au-delà de l’été, et aussi s’étendre aux fonctionnaires de l’enseignement ou encore de la santé, où le syndicat a taclé des offres salariales « misérables » de 4 %.
AFP