Emergence – La Banque centrale de la République de Guinée a ordonné fin avril à la Mutuelle des Travailleurs de Guinée (Mutragui) et la Société Nouvelle d’Assurances de Guinée (Sonag) la cessation de toute activité d’assurance sur le territoire national. Quelques semaines après cette décision qui a suscité de vives indignations dans le pays, Emergence est en mesure de lever un coin du voile sur les raisons de ce retrait d’agreement.
D’abord, il convient de rappeler que le retrait avec « effet immédiat » des agréments des deux compagnies d’assurance a été prise par le Comité des Agréments de la BCRG.
Selon l’institution monétaire guinéenne, cette décision faisait suite aux constats sur les violations graves et répétées
de la réglementation des assurances. « Il a été noté au sein de ces entités de sérieux dysfonctionnements liés notamment à l’incapacité des actionnaires à suivre le processus de relèvement du capital social minimum, à l’absence de programmes de réassurance et d’outil de production approprié, à l’inexistence de politiques et procédures encadrant les activités », énumère la BCRG dans une note consultée par notre rédaction.
A ces manquements, s’ajoutent aussi, de l’avis de la BCRG, une faiblesse de la gouvernance d’entreprise et un manque de dispositif de contrôle interne.
En outre, les inspecteurs de la Banque centrale ont pu mettre à nu d’autres pratiques de concurrence déloyale à savoir la sous tarification. Ils ont en outre relevé l’usage abusif d’assurance à crédit et de nombreux cas de non-règlement des sinistres.
Autant de manquements qui entrainaient des « plaintes récurrentes et des distorsions à la concurrence au sein du marché », déplore la BCRG dans sa note, pointant une situation de nature à ternir l’image et la réputation du marché guinéen des assurances. »
Face à la détérioration des critères, les dirigeants et les actionnaires ont été dans l’incapacité de mettre en route un plan de redressement.
Selon nos informations un Liquidateur devrait être engagé dans les prochains jours en vue d’évaluer les actifs et de procéder au règlement du passif, selon nos informations.
Nous avons tenté d’entrer en contact avec les dirigeants des deux sociétés, en vain. Nous y reviendrons dans les prochains jours.
Rappelons que cette décision de retrait d’agreement est loin d’être un cas isolé. En juin 2022, la BCRG avait procédé à la suspension de six courtiers d’assurance. Dix autres courtiers d’assurance s’étaient aussi vu retirer leur agrément.
Samuel Camara