An 59 de la monnaie guinéenne : le gouverneur de la BCRG entre acquis et défis (Déclaration)

A l’occasion de l’an 59 de la création de la monnaie guinéenne, comme chaque année, cette année 2019, le gouverneur de la Banque centrale a fait une déclaration. Louceny Nabé y a évoqué les évolutions de la monnaie, rappelé les acquis et souligné les défis qu’il appelle perspectives. Lisez plutôt ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.

Chers Compatriotes, Demain 1er mars 2019, cela fera 59 ans, que la Guinée exerce son pouvoir souverain de battre monnaie. La monnaie guinéenne a été en effet créée le 1er mars 1960. Depuis, elle constitue un motif de fierté nationale.

Ces années sont riches d’événements et d’enseignements qui ont ponctué la marche de notre pays vers ses objectifs de développement économique et social. A cette heureuse occasion, je voudrais souhaiter un joyeux anniversaire à toutes les composantes de la Nation Guinéenne. J’en profite pour rendre un vibrant hommage à tous ceux qui ont œuvré pour la conquête et la consolidation de cette souveraineté.

Chers compatriotes,
L’anniversaire de cette année est placé sous le signe de l’assainissement et de la modernisation de la circulation fiduciaire. C’est l’occasion de rappeler les différentes phases qui ont jalonné l’évolution de la monnaie guinéenne. La souveraineté monétaire a permis à la Guinée indépendante de procéder à plusieurs changements de signes monétaires :
• le tout premier est intervenu avec l’émission du franc guinéen de type 1958, mis en circulation le 1 er mars 1960, en remplacement des billets de franc CFA, consacrant ainsi la sortie de la Guinée de la zone franc et la création de la monnaie nationale ;
• le deuxième a concerné l’évolution qui a conduit au Franc Guinéen de type 1960, mis en circulation le 1 er mars 1963, en remplacement du franc guinéen série 1958 ;
• le troisième changement de signes monétaires a introduit le syli type 1971, mis en circulation le 2 octobre 1972, à l’occasion du 14ème anniversaire de l’indépendance nationale, en remplacement du franc guinéen type 1960 ;
• le quatrième changement de signe monétaire a consacré l’évolution vers le syli type 1980, mis en circulation le 16 avril 1981, en remplacement du syli série 1971 ;
• le cinquième changement a marqué le passage du syli au Franc Guinéen type 1985, mis en circulation le 06 janvier 1986 à l’occasion de la grande réforme libérale amorcée en décembre 1985.
• les autres changements de signes monétaires qui ont suivi ont consisté en une évolution de la famille de billets dans le sens du renforcement des éléments de sécurité et du redimensionnement des coupures, avec en filigrane, l’introduction de nouvelles dénominations.

La sécurisation améliorée et l’harmonisation de la gamme des billets en circulation ont concerné les nouvelles coupures redimensionnées de GNF 500 et GNF 10 000 de la série 2018. Les billets de GNF 20 000 passés de la série 2015 à la série 2018 ont également été concernés. Tous ces nouveaux billets intègrent les nouvelles innovations de l’industrie fiduciaire.

Les coupures de GNF 20 000 et GNF 10 000, représentant les valeurs faciales les plus élevées de notre architecture fiduciaire, comportent des éléments de sécurité optique de dernière génération.

J’ai l’agréable plaisir de porter à la connaissance du public que ce 1er mars 2019, la Banque Centrale met en circulation de nouveaux billets de 10 000 Francs Guinéens redimensionnés, de même qu’elle introduit pour la 1 ère fois une coupure de GNF 2 000. Ces évolutions visent tout à la fois à assainir la circulation fiduciaire et à sécuriser davantage nos signes monétaires.

Chers compatriotes, Après ce bref rappel de l’évolution des signes monétaires et de l’assainissement de la circulation fiduciaire, je voudrais, à présent, porter mon intervention sur la gestion de la monnaie guinéenne, à travers les activités réalisées par la Banque Centrale de la République de Guinée au cours l’année écoulée, ainsi que les défis auxquels elle fait face.

L’année 2018 est marquée par le maintien du taux directeur de la BCRG à 12,5 % et du coefficient de réserves obligatoires à 16 %, pour préserver les acquis en matière de stabilisation macroéconomique. En dépit de certaines tensions dues notamment aux hausses de salaires, l’inflation reste maintenue à un chiffre. En matière de politique de change, la Banque Centrale a poursuivi la consolidation du Marché aux Enchères Bilatérales de Devises, soutenue par la bonne tenue des exportations minières.

A cet effet, la stabilité du taux de change du franc guinéen par rapport au dollar et à l’euro s’est renforcée, la prime de change entre les marchés officiel et parallèle est ramenée à moins de 0,5 % et le niveau des réserves des changes se situe, à plus de trois mois d’importations de biens et services. En matière de supervision bancaire, le Conseil National de l’Epargne et du Crédit est mis en place pour impulser la politique de crédit.

Le Fonds de garantie des dépôts est instauré en vue de sécuriser les dépôts de la clientèle. Le nouveau plan comptable est révisé dans le sens d’une adaptation aux standards internationaux. Dans le domaine de la microfinance, les premiers textes d’application de la nouvelle loi sur les institutions financières inclusives sont édictés pour offrir un cadre légal aux établissements de monnaie électronique et, plus généralement, à toutes les Institutions Financières Inclusives, sans oublier les services financiers postaux. Dans le secteur de l’assurance, le cadre réglementaire est renforcé avec le parachèvement des différents textes d’application du Code des Assurances pour s’aligner sur les normes internationales.

Il en est ainsi du Décret D018/PRG/SGG du 11 Janvier 2019 portant obligation d’assurance de biens et marchandises de toute nature à l’importation. Dans le même élan, le Comité Consultatif des Assurances est créé. Il est appelé à émettre des avis sur les questions relatives aux opérations d’assurance, de capitalisation et de réassurance. Grâce à cette innovation, le secteur de l’assurance deviendra plus attractif pour les investisseurs et des nouvelles opportunités émergeront.

Il est utile de rappeler que ces dernières années, la Banque Centrale a mis en œuvre un important programme de modernisation du Système National de Paiement. Ce programme qui se poursuit, permet déjà à l’économie guinéenne d’être dotée d’infrastructures de marché financier robustes pour garantir la résilience du secteur aux chocs et renforcer sa stabilité.

Chers compatriotes,
En termes de perspectives, les efforts de la Banque Centrale porteront sur le maintien de l’inflation à un niveau compatible avec la croissance projetée, sur la gestion rigoureuse des réserves de change et sur la création des conditions d’un meilleur accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) au crédit. Entre autres réalisations, le Système d’Information du Crédit (SIC), opérationnel depuis 2017, s’inscrit dans ce cadre.

Ce système est appelé à évoluer vers la création de Bureaux d’Information du Crédit de type privé. Pour prendre toute sa part aux efforts du gouvernement du Pr Alpha CONDE dans le cadre du développement du secteur rural, la BCRG envisage la création d’une Société d’Assurance Agricole. En outre, elle est actuellement en partenariat avec la Banque Africaine de Développement et la Banque Centrale du Nigéria pour la mise en place d’un mécanisme de financement du secteur agricole via les banques, en vue d’une facilité de partage des risques liés au financement. Chers compatriotes, Pour terminer, je voudrais, encore une fois, rendre un vibrant hommage aux pères fondateurs de la monnaie guinéenne.

Leur œuvre a, de toute évidence, constitué un jalon important qui a contribué à consolider notre indépendance, et à impulser et fructifier nos capacités de gestion de la chose monétaire. En ce jour mémorable, il me plait de réaffirmer la détermination de la BCRG à poursuivre les actes posés par nos valeureux devanciers. Avec l’élan de renouveau insufflé par le Pr Alpha CONDE, il est légitime d’entrevoir l’avenir avec sérénité et espoir.

Bonne fête à toutes et à tous.