Affaire Simandou : Steinmentz clame son innocence et charge le président Alpha Condé

Emergence – Accusé de corruption présumée pour l’obtention du gisement de fer de Simandou, l’un des plus importants au monde, le magnat Franco-israélien Beny Steinmetz, 64 ans, comparait depuis le lundi 11 janvier devant un tribunal de Genève, en Suisse. Mais le milliardaire clame son innocence et accuse même le président guinéen Alpha Condé.

Le riche homme d’affaires qui avait acquis les blocs 1 et 2 de Simandou, dans le sud-est de la Guinée en 2008, à travers sa société BSGR, est accusé d’avoir fait verser d’importants pots-de-vin à des dignitaires guinéens et proches de la famille du défunt président Lansana Conté. La quatrième épouse du président, Mamadie Touré, est particulièrement citée dans l’affaire. L’opération se seraient déroulée via des comptes logés en Suisse.  Les pots-de-vin présumés s’élèveraient à environ 10 millions de dollars (8,2 millions d’euros).

Le président Alpha Condé est parvenu à un accord à l’amiable en 2019 avec Beny Steinmetz dans lequel le Franco-israélien renonçait à ses prétentions sur le gisement de fer ainsi que celui de Zogota.

En retour, la Guinée abandonnait toute poursuite contre le patron de BSGR.

A l’ouverture du procès la semaine dernière, l’accusé qui est apparu serein a battu en brèche les accusations de corruption.

« J’ai été conseiller de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) et de la fondation Balda dont je suis également le bénéficiaire . J’ai donné des conseils, mais ce n’est pas moi qui prends les décisions et qui s’occupe des détails administratifs et de gestion », a-t-il clamé.

« Tout a été arrêté par l’actuel président Alpha Condé »

Répondant aux questions du Juge, Steinmetz a défendu le projet de sa compagnie qui, selon lui, devait booster l’économie guinéenne.

Mais d’après lui, l’élan de BSGR a été stoppé par Alpha Condé.

« Dans les projets miniers, c’est l’entreprise qui prend des risques. Surtout en Afrique, vous avez besoin d’investisseurs qui investiront de l’argent. Ils peuvent gagner ou perdre, mais le pays gagne toujours. En Guinée, si le projet Simandou était allé de l’avant, l’État aurait quadruplé son PIB. Mais tout a été arrêté par l’actuel président, Alpha Condé à la demande de George Soros », a-t-il affirmé à la barre.

La meilleure manière de se défendre étant d’attaquer, l’homme d’affaires n’a pas manqué d’accuser Rio Tinto de géler volontairement le gisement de fer. « BSGR était très professionnel et son projet était intelligent et de haute qualité. Avant nous, Rio Tinto n’avait rien fait depuis quinze ans. Ils ne voulaient rien exploiter. Ils avaient une grande opération en Australie et ne voulaient pas que le fer guinéen soit en concurrence avec eux », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Le gouvernement guinéen a mis en place un faux comité technique et falsifié des documents pour nous exproprier. On m’a même dit que certaines des signatures sur les documents avaient été obtenues sous la contrainte. »

L’audience se poursuit.

Samuel Camara