Emergence – La Société des Eaux de Guinée (SEG) est-elle en train de trembler ? Va-t-elle céder face aux menaces du géant russe Rusal ? Ces questions méritent bien d’être posées, quand on sait que les dirigeants de la société étatique se murent dans le silence depuis la sortie musclée de la compagnie minière.
Petit rappel. Samedi 22 août, la SEG pond un communiqué caustique dans lequel elle accuse vertement la compagnie minière de pollution. Elle reproche à la russe de polluer ses sources d’alimentation situées à Kindia et à Coyah.
La SEG estime que si la couleur de l’eau qu’elle distribue aux populations est rougeâtre depuis quelques semaines, c’est bien à cause de l’activité minière de Rusal. « Cette situation déplorable indépendante de sa volonté, est due aux activités d’extraction de la bauxite par la Compagnie Rusal en amont et dans le bassin versant du fleuve SAMOU, qui est la source d’alimentation en eau de la station de traitement de Yessoulou », signifie-t-elle.
Les arguments de la Société des Eaux de Guinée étaient clairs, précis et concis. Et laissaient savoir qu’elle évoque un sujet qu’elle maitrise parfaitement avec ses ingénieurs.
Seulement, voilà. Le 23 août, soit au lendemain de ce qui s’apparente à un véritable cocktail Molotov, Rusal dégaine une réponse assez menaçante. Qualifiant la déclaration de la SEG de « diffamatoire », la société minière met l’entreprise de distribution de l’eau courante en demeure de publier un démenti officiel.
« RUSAL met la SEG en demeure de publier le démenti officiel des informations diffamatoires qu’elle avait diffusées, soit de fournir des conclusions des autorités compétentes prouvant le contraire. A défaut, RUSAL considérera les actions de la SEG en tant que diffusion de fausses informations portant atteinte à l’honneur et à la réputation de la Société et se réserve le droit de défendre sa réputation par la voie judiciaire », menace-t-elle dans son communiqué.
Aujourd’hui, les menaces de la société russe, dirigée par un ancien ambassadeur de Moscou à Conakry, semblent faire ses effets.
La Société des Eaux de Guinée a visiblement opté pour un silence assourdissant. Son directeur général Mamadou Diouldé Diallo semble ne plus avoir la volonté d’aborder le sujet. Nos efforts visant à mieux comprendre les contours de ce scandale environnemental qui met en péril la santé des populations se sont avérés vains. Aujourd’hui, à la SEG, c’est silence radio.
Emergence Mag