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Affaire Sky Bank et Guinée Building : les faits au-delà du « chantage ».

C’est une affaire qui commence à occuper l’espace public. On apprend que des responsables de Sky Bank sont appelés à répondre à une plainte déposée contre eux, en citation directe, par un client avec qui ils sont en conflit : il s’agit de l’entreprise Guinée Building.

En plus de la procédure judiciaire en cours, le conseil de cette entreprise a également porté l’affaire devant l’Association Patronale des Banques de Guinée (APB). Comme si cela ne suffisait pas, les médias sont également mobilisés (probablement par le même plaignant ) pour donner plus d’écho à l’affaire. Cela prend, selon des sources internes à la banque mise en cause, l’allure d’un chantage.

Après recoupement, il apparaît que les récits abondamment relayés dans la presse sont largement tronqués. Ils visent, dans un dessein inavoué, à présenter le client comme la victime d’un abus, alors qu’en réalité, c’est cette entreprise qui est redevable envers la banque. Guinée Building s’est rendue coupable d’une mauvaise exécution d’un contrat portant sur la fourniture de graviers, un contrat conclu avec une tierce partie et pour lequel Sky Bank s’était portée garante. La banque a été contrainte de rembourser le maître d’ouvrage.

Contactée par notre reporter, Sky Bank s’est dite indignée par les propos rapportés dans la presse par le conseil de l’entreprise. Selon elle, il s’agit d’une tentative de chantage à laquelle elle ne compte pas céder.

« L’entreprise Guinée Building a bénéficié d’un marché de fourniture de graviers. Pour exécuter ce marché, elle devait fournir une caution bancaire. Elle nous a sollicités et nous lui avons délivré cette caution, sous condition. En contrepartie, elle nous a transmis un titre foncier en guise de garantie. Grâce à cela, elle a reçu les fonds du maître d’ouvrage. Malheureusement, elle n’a pas exécuté le marché. Le maître d’ouvrage nous a alors saisis pour signaler le comportement défaillant de notre client, et nous avons demandé à l’entreprise de solliciter un délai supplémentaire. Ce qui a été accepté, sous réserve d’une nouvelle garantie de notre part  que nous avons fournie à nouveau. Mais l’entreprise n’a pas respecté ce deuxième engagement non plus. Le maître d’ouvrage a donc exigé l’exécution de la garantie bancaire. Nous l’avons payé, puis avons crédité le compte de l’entreprise concernée. »

Selon le responsable de la banque, l’entreprise s’était engagée à rembourser. Après deux échéances non respectées, elle a versé 250 millions GNF, mais reste toujours redevable envers la banque. En effet, Sky Bank a déboursé 837 millions GNF au profit du maître d’ouvrage, alors que les travaux effectivement réalisés ont été évalués à seulement 150 millions GNF — évaluation faite par l’entreprise elle-même. La banque a alors écrit au maître d’ouvrage pour demander le remboursement de cette partie des travaux, ce qui a été fait. Malgré cela, un solde de 200 millions GNF reste impayé.

 

« Il a promis à plusieurs reprises de payer, mais ces promesses sont restées sans suite . c’est ce montant que la banque réclame et à défaut par le client de payer.  Elle va donc   activer à son tour la garantie réelle (titré foncier)mise à sa disposition », conclut le cadre de la banque.

 

Il ressort donc, à la lumière de ces explications, que le client ne dispose pas de fonds déposés à la banque, contrairement à ce que tente de faire croire l’avocat de Guinée Building. C’est plutôt cette entreprise qui reste redevable envers la banque.

Emergencegn.net