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En Guinée, la monnaie électronique continue sa percée

En 2020, avec cinq Établissements de Monnaie Électronique (EME) agréés dont quatre en activité, le marché de la monnaie électronique a réalisé une véritable percée. Fruit des réformes engagées par la BCRG depuis plus d’une décennie.

Le secteur est dominé par Orange Finances Mobiles qui détient 65% de part de marché. Elle est suivie de MTN Mobile Money qui se taille 31% tandis que Yup et PayCard détiennent respectivement 3% et 1% de part de marché.

Une source proche de la BCRG indique que les comptes ont progressé de 14,3 % en glissement annuel pour se situer à 8 millions en décembre 2020. Une avancée qui s’explique par les mesures relatives à la facilité de création des comptes et l’apparition de la pandémie de Coronavirus.

Emergence a appris que les mesures de facilitation pour l’ouverture de comptes ont permis par exemple l’ouverture à distance de 16 % des comptes de monnaie électroniques. Et l’imposition des gestes barrières caractérisés entre autres par la réduction des déplacements et la gratuité des frais de transfert auraient permis aux clients d’économiser environ 6,3 milliards de francs guinéens.

La progression de l’utilisation de la monnaie électronique en Guinée s’explique en partie par la politique de couverture du territoire nationale mise en œuvre par l’ensemble des opérateurs. Même si la forte d’agences reste dans la zone spéciale de Conakry qui regroupe 47 % des points de services.

A part la capitale, les régions de Kankan et Kindia sont les plus grandes utilisatrices de la monnaie électronique avec des taux de points de services estimés respectivement à 12 % et 11%. « Faranah et Mamou ferment la marche des régions dont les taux de couverture demeurent les plus faibles du pays », indique la BCRG.

Il faut aussi signaler que si la monnaie électronique gagne du terrain en Guinée, c’est en partie dû à la politique de transfert monétaire en faveur des couches vulnérables initiée par le gouvernement et ses partenaires comme la Banque mondiale et mise en œuvre par l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES).

Rechargement et retraits de fonds

Durant l’année 2020, l’utilisation de la monnaie électronique était largement dominée par les rechargements et les retraits de fonds sur les comptes de monnaie électronique. Ces deux opérations représentaient respectivement 54 % et 82.6 % du volume de l’ensemble des transactions électroniques enregistrées dans le pays. Quant aux paiements de salaires et d’achats de crédits téléphoniques, ils représentaient environ 40%.

Les paiements marchands et de factures restent insignifiants pour l’instant dans les opérations de monnaie électronique, autour de 1 % de la valeur de l’ensemble des transactions.

Un secteur dopé aussi par les transferts monétaires transfrontaliers 

La réforme est passée aussi par l’autorisation accordée par la BCRG a certains Établissements de transfert monétaire (EME) de recevoir des transferts d’argent internationaux. Ceci, pour permettre aux personnes vivant à l’Étranger et disposant d’un compte bancaire ou d’un compte électronique correspondants d’effectuer des transferts de fonds vers la Guinée et vice versa.

Ces opérations de transferts transfrontaliers ont totalisé 14 millions d’euros en 2020, contre seulement 3 millions d’euros en 2019.  La possibilité offerte aux clients d’accéder à leur compte bancaire via le téléphone mobile, de transférer les montants dans leur porte-monnaie et d’effectuer les transferts internationaux expliquent en partie cette croissance. De même, la multiplication des partenariats et la diversification des pays d’envois des fonds ont également permis d’augmenter le flux de réception des fonds. « Par ailleurs, certains EME, en partenariat avec leurs correspondants étrangers, ont supprimé les frais liés aux transactions internationales, ce qui a encouragé les clients à utiliser ce service », explique la Banque centrale dans une note.

Samuel Camara