Émergence – Depuis l’éviction d’Alpha Condé du palais présidentiel le 5 septembre, la Guinée vit au rythme d’une transition dirigée par le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD), présidé par le Colonel Mamadi Doumbouya.
Sur la gestion de cette transition, chacun préconise ses solutions. Ainsi, l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances Malado Kaba (Janvier 2016 – Mai 2018) a usé de son expertise dans le domaine économique pour appeler la junte militaire à apurer la dette intérieure du pays.
Une politique qui, selon elle, aiderait les entreprises locales en manque de financement depuis plusieurs mois de souffler.
« Je n’ai pas les derniers chiffres des résultats macroéconomiques de la Guinée, mais nous avons un problème en terme de dette intérieure. Je crois que ça doit faire partir des actions sur lesquelles il faut se pencher pendant cette transition. Nous avons accumulé des dettes vis-à-vis des PME locales. Ils sont des créanciers de l’Etat. Aujourd’hui nous mettons en difficulté ces PME et de facto nous mettons en difficulté tout le système bancaire, parce que tout est lié. Je pense que l’apurement de cette dette intérieure est un des éléments importants », a préconise l’ancienne ministre d’Alpha Condé.
S’exprimant sur Radio Espace FM, Malado Kaba qui avait laissé au département des Finances le souvenir d’une gestion rigoureuse et transparente a conseillé un équilibre entre les dépenses et les recettes. Elle a appelé à veiller sur la qualité des dépenses dans le secteur de l’éducation, des Travaux publics, la Santé et bien d’autres.
S’agissant d’éventuelles conséquences des sanctions économiques prises par la CEDEAO, l’ancienne argentière est catégorique. « Lorsque vous parler de sanction, pour moi, c’est plutôt du domaine politique. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale n’ont pas pour vocation, dans leur mandat, de se pencher sur les questions politiques. C’est plutôt les institutions tel que les Nations-Unis, l’Union Européenne qui ont des mandats clairs sur les coopérations politiques. »
Pour Malado Kaba, l’essentiel aujourd’hui, c’est de rassurer les partenaires au développement en avançant vers la mise en place d’un Conseil national de transition qui va probablement adopter des textes et mettre un gouvernement en place. « Les partenaires ont besoin d’un répondant. (…) Nous devons donc avancer sur ces points-là », a-t-elle conclu.
Selon le Bulletin statistique de la dette du ministère de l’Economie et des Finances, le stock de la dette publique de la Guinée se chiffrait à 65 863,29 milliards de francs guinéens (6,549 milliards USD) au 31 mars dernier. Environ 27 314,812 milliards de francs (2,716 milliards USD) représentent la dette intérieure, soit 41,47% du stock.
Ousmane Sylla