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Résurgence d’Ebola : ce qu’il faut craindre pour l’économie guinéenne

Emergence – La Guinée a appris dimanche 14 février, avec stupeur, la résurgence de la maladie à virus Ebola dans la préfecture de N’Zérékoré (Sud). Le pays qui fait face depuis un an à la pandémie de Covid-19 doit affronter concomitamment, l’épidémie hémorragique pour la seconde fois. Plus que jamais, son économie déjà fragilisée se retrouve sous la menace d’une crise sanitaire qui l’avait durement éprouvée de 2014 à 2016. Analyse.

Les premières statistiques disponibles sur Ebola font état de 7 cas dont 3 décès. Des investigations sont en cours pour clarifier les données et identifier les contacts et d’éventuels cas, selon le ministère de la Santé.

Le gouvernement guinéen et ses partenaires réaffirment leur détermination à conjuguer les efforts pour contrer cette réapparition soudaine du virus.

Mais c’est sur le front économique que l’autre combat devra être mené.

Rappelons-le, l’économie guinéenne est mal en point du fait de la pandémie de Coronavirus. Les transferts de fonds ont baissé, entrainant la chute des revenus des ménages. Par ailleurs, la majorité des entreprises formelles, environ 80% contactés par une enquête du ministère des Finances estime avoir été négativement impactée par la crise de Covid-19 à travers notamment la baisse du chiffre d’affaires, due à une contraction de la demande.

Les secteurs comme l’hôtellerie et le tourisme, le transport, l’agrobusiness et la logistique sont sévèrement affectés. Tandis que les recettes budgétaires et les échanges extérieurs du pays connaissent un ralentissement.

Dans ces conditions, la résurgence d’Ebola met les prévisions de croissance en danger. Cette situation risque de précipiter l’économie de la Guinée dans un gouffre beaucoup plus profond.

Une propagation rapide du virus couplée à l’incertitude provoquée par le Coronavirus pourrait fortement dérègler les perspectives macroéconomiques basées sur un taux de croissance de 5,5% du PIB, un taux d’inflation moyen de 8%, un taux de pression fiscale de 13%.

L’autre conséquence possible en cas de la persistance d’Ebola sera le ralentissement des activités économiques, provoquant une chute des recettes fiscales et des redevances issues de l’exploitation minière qui, par miracle, se sont bien tenues depuis la déclaration du Covid-19.

Il faudra également surveiller la Position Nette du Trésor à la Banque Centrale, les créances de la Banque Centrale sur l’Etat ainsi que la position nette du Trésor vis-à-vis des banques commerciales qui risquent de se dégrader.

Par ailleurs, les pays voisins, le Liberia, la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone pourrait fermer leurs frontières pour se mettre à l’abri.

Comme lors de la première épidémie d’Ebola, une profonde crise sanitaire peut aussi perturber le programme d’investissement prévu dans le système financier et plonger plusieurs compagnies d’assurance et d’institutions de microfinances dans des difficultés financières du fait d’un défaut de paiement des clients.

Samuel Camara