La notion de sociétés publiques en Guinée s’avère quelque peu différente et/ou similaire par rapport à certains pays de la sous-région notamment le Togo, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Bénin.
Dans ce paragraphe, nous verrons les points similaires des sociétés publiques guinéennes par rapport à ces pays (A) et également les divergences existantes (B).
A- Similitudes
Les sociétés publiques en Guinée présentent de nombreuses similitudes avec celles de ses voisins ouest-africains, mais également des différences significatives. Les lois qui gouvernent ces entités, leur niveau d’autonomie et les domaines dans lesquels elles évoluent sont des éléments de comparaison indispensables pour appréhender les dynamiques économiques et politiques de la région.
En Guinée, comme au Mali, les sociétés publiques sont soumises à une réglementation centralisée, ce qui implique que l’État joue un rôle prépondérant dans leur gestion et que leur autonomie est souvent limitée. Cette centralisation du contrôle par l’État signifie que les entreprises publiques doivent suivre des directives strictes établies par les autorités centrales, réduisant ainsi leur capacité à prendre des décisions de manière indépendante et rapide. Prenons l’exemple de la Société des Mines d’Or de Kalana (SOMIKA) au Mali, qui opère sous une supervision étroite de l’État. Cette situation est similaire à celle de nombreuses sociétés publiques en Guinée. L’État guinéen exerce un contrôle significatif sur ces entités, ce qui ne favorise pas leur indépendance en matière d’autonomie décisionnelle. Les dirigeants de ces entreprises doivent souvent obtenir l’approbation de diverses instances gouvernementales avant de prendre des décisions stratégiques ou opérationnelles importantes. Cela inclut des aspects tels que les investissements, les partenariats, et même les décisions quotidiennes sur la gestion des ressources. Les processus décisionnels peuvent être ralentis par cette centralisation. En effet, les décisions qui pourraient être rapidement prises dans un environnement plus autonome sont souvent retardées lorsque les entreprises publiques doivent traverser plusieurs niveaux de bureaucratie pour obtenir des approbations. Par conséquent, si une entreprise publique découvre une opportunité de marché ou un besoin urgent de moderniser une infrastructure, le délai requis pour obtenir les autorisations nécessaires peut entraîner une perte d’avantages compétitifs ou une inefficacité prolongée.
De surcroît, cette lenteur décisionnelle limite la capacité des entreprises publiques à réagir rapidement aux dynamiques du marché. Ainsi, tandis que les entreprises privées peuvent ajuster leurs stratégies et opérations avec agilité, les sociétés publiques se retrouvent souvent paralysées par des processus bureaucratiques lourds. En conséquence, elles peuvent manquer des opportunités précieuses ou échouer à s’adapter efficacement aux défis émergents.
Par ailleurs, la centralisation peut également influencer négativement la culture organisationnelle au sein des sociétés publiques. En effet, lorsque les dirigeants doivent constamment se référer à des autorités externes pour la prise de décision, cela peut créer une culture de dépendance et de passivité. Par conséquent, les employés peuvent être moins incités à innover ou à prendre des initiatives, sachant que leurs propositions doivent passer par des processus bureaucratiques rigides.
De plus, la centralisation du contrôle étatique peut entraîner des problèmes de gouvernance. Par exemple, lorsque les décisions sont prises par des autorités éloignées de la réalité quotidienne de l’entreprise, il peut y avoir un décalage entre les besoins réels de l’entreprise et les directives imposées. Cela peut conduire à des décisions mal informées qui ne tiennent pas compte des spécificités et des défis opérationnels de l’entreprise.
Toutefois, il est important de reconnaître que la centralisation n’est pas sans avantages. En effet, l’État peut assurer une certaine stabilité et continuité, surtout dans des secteurs stratégiques comme l’énergie ou les transports. De plus, la supervision étroite de l’État peut garantir que les entreprises publiques opèrent dans l’intérêt public, en alignant leurs activités sur les objectifs nationaux de développement.
L’utilisation de sociétés anonymes (SA) et d’Établissements Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) est une pratique courante en Guinée, mais également dans d’autres pays ouest-africains. Cependant, il est important de signaler que la nouvelle catégorisation consiste à les classer en Sociétés Publiques et Mixtes suite aux récentes réformes. Ce modèle hybride permet de tirer parti des avantages de la gestion privée tout en assurant une supervision étatique, garantissant une certaine stabilité et orientation vers l’intérêt général. En Guinée, des sociétés comme la Compagnie des Bauxites de Guinée sont constituées sous le statut de SA, ce qui leur permet de bénéficier d’une certaine flexibilité de gestion tout en maintenant l’intervention de l’État. Les sociétés anonymes, par leur structure, offrent une capacité accrue d’adaptation et d’innovation. En tant qu’entités juridiques distinctes, elles peuvent lever des capitaux sur les marchés financiers, attirer des investisseurs privés et adopter des pratiques de gestion modernes.
En Guinée, des sociétés comme la Société Guinéenne du Patrimoine Minier sont constituées sous le statut de SA, permettant une certaine flexibilité de gestion tout en maintenant l’intervention de l’État. De même, les EPIC, comme la Société de Transport Abidjanais (SOTRA) en Côte d’Ivoire, fonctionnent sous une gestion commerciale tout en restant sous contrôle étatique. Ce modèle mixte permet de combiner les avantages de la gestion privée (efficacité, innovation) avec ceux de la supervision publique (sécurité, orientation vers l’intérêt général).
Les sociétés publiques en Guinée, comme dans d’autres pays de la sous-région, opèrent principalement dans des secteurs stratégiques essentiels au développement économique et à la stabilité nationale. En Côte d’Ivoire, par exemple, la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) joue un rôle similaire à celui de l’Électricité de Guinée (EDG). Ces entreprises sont responsables de la production, de la distribution et de la régulation de l’électricité, un service vital pour les ménages, les industries et les services publics. Leur bon fonctionnement est crucial pour la croissance économique, car une fourniture stable et fiable d’électricité est nécessaire pour soutenir l’industrie, le commerce et les infrastructures publiques.
De même, la société nationale des chemins de fer du Sénégal et l’Énergie du Mali (EDM) sont des exemples de sociétés publiques opérant dans des secteurs stratégiques tels que les transports et l’énergie. La société nationale des chemins de fer du Sénégal par exemple, est responsable de la gestion et du développement du réseau ferroviaire sénégalais, facilitant ainsi le transport de marchandises et de personnes à travers le pays et au-delà de ses frontières. Le réseau ferroviaire est une infrastructure clé pour le commerce, permettant le déplacement rapide et économique de grandes quantités de biens. Cela est particulièrement important dans les régions éloignées ou mal desservies par les routes, où le rail peut fournir une alternative efficace et fiable.
L’Énergie du Mali (EDM) joue un rôle similaire dans le secteur énergétique malien, assurant la production et la distribution d’électricité à travers le pays. Comme l’EDG en Guinée et la CIE en Côte d’Ivoire, l’EDM doit relever des défis importants, tels que la modernisation des infrastructures, l’extension du réseau électrique pour desservir les zones rurales et isolées, et l’intégration de sources d’énergie renouvelable pour diversifier l’approvisionnement et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
Ces secteurs sont souvent choisis pour les investissements publics en raison de leur importance pour le développement économique et la stabilité nationale. L’énergie et les transports sont des fondements essentiels pour toute économie moderne. Une infrastructure énergétique robuste permet non seulement de répondre aux besoins actuels, mais aussi de soutenir la croissance future en fournissant une base stable pour l’expansion industrielle et commerciale. De plus, un réseau de transport efficace est indispensable pour le commerce intérieur et extérieur, facilitant le déplacement des personnes et des biens, stimulant ainsi les échanges économiques et l’intégration régionale.
Les investissements publics dans ces secteurs permettent également de garantir que les services essentiels sont fournis de manière équitable et à des coûts abordables. En prenant en charge des secteurs stratégiques, l’État peut s’assurer que les infrastructures critiques ne sont pas uniquement développées en fonction des intérêts commerciaux, mais aussi en réponse aux besoins sociaux et économiques de la population. Par exemple, les projets d’électrification rurale, souvent menés par des entreprises publiques comme l’EDG ou l’EDM, visent à réduire les disparités entre les zones urbaines et rurales en offrant un accès égal à l’électricité.
La nature de la participation publique et privée dans ces sociétés est un autre élément essentiel. La participation publique en Guinée peut varier en fonction des secteurs et des objectifs stratégiques. Par exemple, l’État possède une participation majoritaire dans la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG), mais elle bénéficie également de l’apport de partenaires privés afin de maximiser les avantages économiques et technologiques. En Côte d’Ivoire et au Mali, on observe également cette collaboration entre le secteur public et privé, où les États possèdent des parts minoritaires dans les entreprises afin de préserver leur influence stratégique tout en tirant parti des capitaux et de l’expertise privée.
Les objectifs de développement des sociétés publiques en Guinée et dans les autres pays de la sous-région sont souvent alignés sur les plans de développement national. En Guinée, les sociétés publiques visent à fournir des services essentiels et à stimuler la croissance économique dans des secteurs clés. De même, au Mali et en Côte d’Ivoire, les entreprises publiques jouent un rôle central dans les stratégies de développement économique, cherchant à moderniser les infrastructures, à améliorer l’accès aux services de base et à renforcer la compétitivité nationale.
Les défis auxquels font face les sociétés publiques en Guinée et dans les pays voisins sont similaires. Les obstacles récurrents qui entravent leur efficacité sont la bureaucratie, la corruption et les contraintes budgétaires. De plus, il y a un défi commun à relever : moderniser les infrastructures et diversifier les sources de financement. Les entreprises doivent souvent faire face à des réformes structurelles afin d’améliorer leur gouvernance et leur efficacité opérationnelle. Par exemple en Guinée, une mise en place de réformes visant à améliorer la gestion de l’EDG, tout comme en Côte d’Ivoire, une mise en place de réformes du CIE.
Malgré les défis, il existe des innovations et des meilleures pratiques qui émergent dans la gestion des sociétés publiques. En Guinée, des efforts pour améliorer la transparence et la reddition de comptes ont été initiés, inspirés par des modèles de gouvernance plus ouverts. En Côte d’Ivoire, la SOTRA a mis en place des systèmes de gestion modernes pour améliorer l’efficacité du transport public. Le partage des meilleures pratiques et des innovations entre les pays de la sous-région peut contribuer à renforcer les capacités de gestion et à promouvoir un développement plus inclusif et durable.
En somme, bien que les sociétés publiques en Guinée partagent de nombreuses similitudes avec celles des pays de la sous-région ouest-africaine, elles présentent aussi des spécificités propres à leur contexte national. La comparaison des cadres réglementaires, des statuts juridiques, des secteurs d’activité, et des approches de gestion permet de mieux comprendre les dynamiques en jeu et d’identifier des pistes de réforme et de collaboration pour renforcer le rôle de ces entités dans le développement économique régional.
Cependant, bien que les sociétés publiques en Guinée partagent de nombreuses similitudes avec celles des pays de la sous-région ouest-africaine, elles présentent aussi des spécificités propres à leur contexte national
B- Divergences
Les divergences entre les entreprises publiques en Guinée et celles des pays voisins sont significatives et témoignent des différentes méthodes utilisées par chaque pays pour gérer les entreprises publiques respectives.
En ce qui concerne les réformes et la privatisation, certains pays de la sous-région, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ont entrepris des réformes importantes et mis en œuvre des programmes de privatisation pour améliorer l’efficacité et la performance de leurs entreprises publiques. En Côte d’Ivoire, la privatisation de la SODECI a transformé la gestion de l’eau potable dans le pays. En passant sous le contrôle de partenaires privés, la société a bénéficié d’une infusion de capitaux et d’expertise technique, ce qui a conduit à une modernisation rapide des infrastructures et à une amélioration significative de la distribution de l’eau. Cette transition a également permis de réduire les pertes d’eau et d’améliorer la qualité des services offerts aux consommateurs, tout en garantissant une plus grande transparence et efficacité opérationnelle. Les partenariats privés ont introduit des technologies de pointe et des pratiques de gestion plus rigoureuses, contribuant à une meilleure performance globale de la société.
De même, la privatisation de la CIE a eu des effets positifs sur le secteur énergétique ivoirien. En attirant des investissements privés, la CIE a pu moderniser ses installations de production et de distribution d’électricité, augmenter sa capacité de production et réduire les pannes de courant. La concurrence et la présence d’investisseurs privés ont poussé la société à améliorer ses pratiques de gestion et à adopter des technologies innovantes, favorisant ainsi une fourniture plus fiable et durable de l’électricité. Cette amélioration des services énergétiques a eu un impact direct sur le développement économique, facilitant l’industrialisation et l’attrait des investissements étrangers.
Au Sénégal, des réformes similaires ont été entreprises avec la privatisation partielle de certaines entreprises publiques clés. L’objectif principal de ces réformes est de dynamiser les secteurs stratégiques en attirant des capitaux privés et en augmentant l’efficacité opérationnelle. Par exemple, la Société Nationale d’Électricité du Sénégal (SENELEC) a bénéficié de partenariats avec des entreprises privées, ce qui a permis d’améliorer la fourniture d’électricité et de renforcer les capacités de production énergétique du pays.
En revanche, la Guinée a maintenu un contrôle étatique plus strict sur ses entreprises publiques, privilégiant une gestion centralisée pour assurer la sécurité et l’alignement avec les objectifs nationaux. Cette approche est motivée par la volonté de l’État guinéen de garder le contrôle sur des secteurs stratégiques pour garantir une distribution équitable des ressources et des services à l’ensemble de la population. L’État guinéen estime que la centralisation permet de mieux aligner les activités des entreprises publiques avec les priorités de développement national, telles que l’électrification rurale et la fourniture de services de base dans les zones éloignées.
Cependant, cette gestion centralisée présente des défis. Les processus décisionnels peuvent être ralentis par la bureaucratie, et les entreprises publiques peuvent manquer de la flexibilité nécessaire pour s’adapter rapidement aux changements du marché. De plus, l’absence de concurrence et d’incitations à l’innovation peut limiter les gains d’efficacité et la qualité des services. Pour surmonter ces défis, la Guinée pourrait envisager des réformes progressives qui introduisent des éléments de gestion privée tout en maintenant un contrôle public stratégique. Par exemple, la mise en place de partenariats public-privé (PPP) pourrait offrir un équilibre entre la supervision étatique et l’efficacité du secteur privé, permettant ainsi de moderniser les infrastructures et d’améliorer les services sans compromettre les objectifs nationaux.
En somme, les expériences de la Côte d’Ivoire et du Sénégal montrent que les réformes et la privatisation peuvent avoir des effets positifs sur la performance et l’efficacité des entreprises publiques. En attirant des investissements privés et en adoptant des pratiques de gestion modernes, ces pays ont réussi à améliorer la fourniture de services essentiels et à stimuler leur croissance économique. La Guinée, tout en privilégiant une gestion centralisée, pourrait tirer des leçons de ces expériences pour renforcer la performance de ses propres entreprises publiques, en trouvant un équilibre optimal entre contrôle étatique et efficacité opérationnelle.
La diversité des domaines d’activités des sociétés publiques varie également entre la Guinée et ses voisins. La Guinée s’est concentrée principalement sur les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les mines, le transport, et les télécommunications. Des entreprises comme l’Électricité de Guinée (EDG) et la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) illustrent cette focalisation sur des secteurs clés pour l’économie nationale. Cette concentration permet à la Guinée de maximiser les ressources et les efforts dans des domaines jugés critiques pour le développement économique et social du pays.
En revanche, des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont adopté une approche différente en diversifiant les secteurs d’activité de leurs sociétés publiques. Cette diversification permet à ces pays de créer des opportunités économiques dans des secteurs moins traditionnels, étendant ainsi leur influence économique et réduisant leur dépendance à l’égard de quelques secteurs stratégiques. Par exemple, en Côte d’Ivoire, la Loterie Nationale de Côte d’Ivoire (LONACI) opère dans le secteur du divertissement, générant des revenus substantiels pour l’État tout en offrant des opportunités de divertissement pour la population. La LONACI contribue au financement de projets sociaux et communautaires et par ricochet, au développement social du pays.
Le Sénégal, de son côté, a diversifié ses sociétés publiques pour inclure des secteurs tels que les activités maritimes et portuaires avec l’Agence Nationale des Affaires Maritimes (ANAM). L’ANAM gère les activités maritimes, incluant la régulation du trafic maritime, la sécurité des ports et le développement des infrastructures portuaires. Cette diversification permet au Sénégal de capitaliser sur sa position géographique stratégique le long de la côte atlantique ce qui présente un avantage pour le commerce international et stimule l’économie maritime.
La diversification des secteurs d’activité des sociétés publiques offre plusieurs avantages. Elle permet de répartir les risques économiques en ne dépendant pas uniquement de quelques secteurs clés. Par exemple, en période de baisse des prix des matières premières, les pays fortement dépendants de l’exploitation minière ou pétrolière peuvent subir des chocs économiques importants. En diversifiant les secteurs d’activité, les pays peuvent atténuer ces chocs et maintenir une stabilité économique relative. Par ailleurs, la diversification stimule l’innovation et l’entrepreneuriat en explorant de nouveaux secteurs, facteur de création d’emplois et favorise le développement économique à long terme. Les exemples de la Côte d’Ivoire et du Sénégal montrent également que la diversification des sociétés publiques peut favoriser le développement régional. Ces pays ont la possibilité d’investir dans divers secteurs afin de créer des infrastructures et des services dans diverses régions, ce qui permet de diminuer les inégalités économiques et sociales entre les zones urbaines et rurales. Par exemple, la mise en place de ports régionaux et l’amélioration des infrastructures de transport maritime au Sénégal ont contribué à stimuler l’économie des régions côtières, générant des emplois locaux et améliorant les conditions de vie des communautés.
Il est important de noter que, la diversification des sociétés publiques peut renforcer la résilience économique face aux crises mondiales. La pandémie de COVID-19 a montré l’importance d’avoir une économie diversifiée capable de s’adapter à des perturbations majeures. Les pays ayant une variété de secteurs d’activité ont pu mieux absorber les chocs économiques et maintenir une certaine continuité des services publics essentiels.
Cependant, la diversification des sociétés publiques nécessite une planification stratégique et une gestion efficace. Il est crucial de veiller à ce que les nouveaux secteurs soient bien régulés et que les sociétés publiques disposent des ressources nécessaires pour réussir. Cela inclut des investissements en capital, des formations pour le personnel, et des politiques de gouvernance solides pour assurer la transparence et l’efficacité. De plus, il est important de maintenir un équilibre entre les objectifs de rentabilité et les objectifs de service public, garantissant que les sociétés publiques continuent de servir les intérêts de la population tout en étant financièrement viables.
En termes de régulation et d’indépendance, les entreprises publiques en Guinée sont fréquemment soumises à une régulation stricte de la part de l’État, avec une autonomie restreinte. Les décisions importantes requièrent souvent l’accord des autorités gouvernementales, ce qui peut entraver les démarches de prise de décision et restreindre l’innovation. L’objectif de cette centralisation des décisions est d’assurer que les entreprises publiques s’engagent conformément aux priorités nationales et aux politiques publiques. Cependant, cette rigidité administrative peut engendrer une certaine austérité, ce qui limite la capacité de ces entreprises à réagir rapidement aux évolutions du marché et aux opportunités qui se présentent.
En contraste, le cadre réglementaire au Sénégal et en Côte d’Ivoire permet une plus grande autonomie aux sociétés publiques, favorisant ainsi l’efficacité et l’innovation. Par exemple, la société nationale de l’électricité au Sénégal jouit d’une certaine liberté de gestion tout en respectant les directives de l’État, ce qui lui permet d’adapter ses opérations aux réalités du marché et d’attirer des investissements. Cette relative autonomie permet à la société de prendre des décisions rapides et adaptées aux besoins du marché, d’investir dans des technologies innovantes et d’améliorer continuellement ses services. La capacité d’attirer des investissements privés est également renforcée par ce cadre réglementaire plus souple, les investisseurs étant plus enclins à s’engager avec des entreprises qui peuvent opérer de manière efficace et réactive.
De même, Orange Côte d’Ivoire bénéficie d’un cadre réglementaire qui encourage l’efficacité opérationnelle et l’attraction d’investissements privés, tout en maintenant un contrôle public pour assurer l’alignement avec les politiques nationales. Ce cadre permet à Orange Côte d’Ivoire de mener des opérations quotidiennes avec une plus grande flexibilité, d’implémenter des stratégies commerciales innovantes et de répondre de manière proactive aux changements technologiques et aux demandes des consommateurs. Par exemple, le partenariat entre Orange Côte d’Ivoire et Vanu, Inc. pour fournir la connectivité dans les zones rurales illustre cette capacité à innover et à améliorer les services tout en respectant les normes environnementales. L’approche « Network-as-a-Service » (NaaS) permet à Orange d’étendre sa couverture et d’améliorer la qualité de vie des populations rurales en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Liberia. En parallèle, le maintien d’un certain degré de contrôle public assure que les objectifs de développement national et les intérêts publics restent prioritaires. Cette combinaison d’innovation privée et de supervision publique permet à Orange Côte d’Ivoire de contribuer efficacement au développement économique du pays tout en répondant aux besoins de ses citoyens
Cependant, il est important de noter que l’autonomie accrue doit être accompagnée de mécanismes de gouvernance robustes pour assurer la transparence, la responsabilité et l’alignement avec les objectifs de développement national. De ce fait les régulateurs doivent surveiller de près les performances des entreprises publiques et intervenir si nécessaire pour corriger les dérives et s’assurer que les entreprises agissent dans l’intérêt public.
La participation de l’État dans la gestion des sociétés publiques diffère également entre la Guinée et ses voisins. En Guinée, l’État détient souvent la totalité des parts dans les sociétés publiques, ce qui lui permet d’exercer un contrôle direct et complet sur les décisions stratégiques et opérationnelles. Cette centralisation assure un alignement étroit avec les politiques et les priorités nationales, mais peut également limiter la flexibilité et l’innovation. À l’inverse, en Côte d’Ivoire, bien que l’État détienne souvent une majorité des parts sociales, il y a une ouverture notable à la participation privée et étrangère. Par exemple, la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) est un modèle de partenariat public-privé où l’État conserve une influence significative tout en permettant des investissements et une expertise privée. Cette approche permet de combiner les avantages de la gestion publique et privée, améliorant ainsi l’efficacité et la performance des sociétés publiques.
Après avoir exploré l’histoire des sociétés publiques et les classifications possibles, il est essentiel d’envisager le mécanisme de gouvernance des sociétés publiques en Guinée et de proposer des perspectives de bonne gouvernance. La gouvernance des sociétés publiques en Guinée nécessite des réformes structurelles pour améliorer leur efficacité et leur performance. Cela inclut l’introduction de pratiques de gouvernance modernes, la transparence, et la reddition de comptes. Par exemple, l’adoption de normes internationales de gouvernance d’entreprise peut améliorer la transparence et la responsabilité, réduisant ainsi les risques de corruption et d’inefficacité. En outre, la promotion de partenariats public-privé peut apporter des capitaux supplémentaires, des compétences techniques et une innovation nécessaire pour moderniser les sociétés publiques et les rendre plus compétitives.
En prenant en compte les défis actuels et les différentes manières de gérer les entreprises publiques en Guinée et dans ses pays voisins, il est évident que la question de la gouvernance est d’une importance capitale.
Référencements
· LOIS ET ARRETES GUINEENS
– Loi L/2015/N° 008/An du 25 mai 2015 portant Code des investissements en République de Guinée
– Loi L/2017/056/AN du 08 décembre 2017, modifiant certaines dispositions de la Loi L/2016/075/AN du 30 décembre 2016, portant Gouvernance Financière des Sociétés et Etablissements Publics en République de Guinée.
– Arrêté A/2021/860/MEF/CAB/SGG du 29 avril 2021 portant qualification et catégorisation des entreprises.
– Loi n°2001-18 du 23 octobre 2001 sur la réforme des entreprises publiques en guinée
· LOIS SENEGALAISES
– Loi d’orientation n° 2022-08 du 19 avril 2022 relative au secteur para public au Sénégal, au suivi du portefeuille de l’Etat et au control des personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique
· LOI IVOIRIENNE
– Loi ivoirienne n° 2020-626 du 14 août 2020 portant définition et organisation des sociétés d’Etat
· Loi Burkinabé
– Code de bonnes pratiques de gouvernance des sociétés d’Etat au Burkina Faso
Ø RESSOURCES DOCUMENTAIRES
· Article de Mohamed CAMARA, économiste consultant, associé gérant du Cabinet Conseil MOCAM CONSULTING et membre du réseau KILLY, portant « gouvernance des sociétés publiques en Guinée » et « la notion d’organismes publics »
· Document portant Gouvernance des entreprises publiques et privées au Burkina Faso : Etat des lieux et perspectives
· Termes de références de la revue annuelle des établissements publics administratifs
· Rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes, édition juin 2023
———-
Lancine Doumbouya
Consultant – Auteur – Auditeur
Fondateur – Associé-Gérant de BALIMANA CONSULTING & INVESTMENT
+224 622 237 383
+212 623 569 895
lancinebalimanadoumbouya.lbd@gmail.com