La République de Guinée a vu disparaître près de 35 % de sa couverture forestière entre 2000 et 2024, selon les données les plus récentes de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Ce chiffre alarmant place le pays dans la lignée d’une tendance régionale préoccupante, commune à plusieurs États d’Afrique de l’Ouest.
Des causes multiples
L’agriculture sur brûlis, également appelée essartage, est l’une des principales causes identifiées de cette déforestation massive. Il s’agit d’une méthode agricole traditionnelle consistant à défricher des terres forestières à l’aide du feu, avant de les cultiver.
En Guinée, cette pratique est particulièrement répandue en Guinée forestière (notamment dans les régions de Nzérékoré et Macenta), en Moyenne-Guinée (Fouta Djallon), ainsi que dans certaines zones de la Haute-Guinée. Les cultures concernées incluent principalement le riz, le manioc, l’igname et le maïs.
Selon plusieurs études locales, environ 30 à 50 % des terres agricoles en Guinée forestière sont exploitées via le brûlis, contre 20 à 30 % dans d’autres régions du pays. Une étude de la FAO datant de 2020 estime que 40 % des défrichements agricoles en Guinée utilisent cette technique, en particulier dans les exploitations familiales de petite taille.
Autre facteur aggravant : l’exploitation illégale du bois, qui alimente un commerce non régulé à destination de la Chine, de l’Europe et d’autres pays africains. Des essences précieuses comme le teck ou l’acajou sont particulièrement ciblées, épuisant les ressources naturelles à un rythme inquiétant.
Bien que difficile à quantifier précisément en raison de son caractère clandestin, ce trafic contribue non seulement à la déforestation, mais aussi à une perte significative de biodiversité et à des manques à gagner économiques pour l’État guinéen.
Face à cette urgence écologique, des mesures de sensibilisation, de reboisement et de régulation du commerce forestier sont impératives. La mise en place de politiques agricoles durables et d’alternatives au brûlis pourrait également offrir des solutions viables à long terme.
Daouda Yansané