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Guinée : un budget de refondation 2025 ambitieux mais avec moins de ressources disponibles

Émergence – Le gouvernement guinéen a dévoilé en début de semaine son budget pour l’exercice 2025 qui dégage un déficit de l’ordre de 2,8% du Produit Intérieur Brut.

Le texte transmis au Conseil national de la Transition (CNT) projette des recettes totales de 34 473,4 milliards de francs guinéens, dont 33 037,6 milliards représentant des recettes propres. Sur le volet dépenses, le gouvernement plafonne ses projections à 41 897,8 milliards de francs guinéens. Ce qui laisse apparaître un gap estimé à 7 424,4 milliards de francs guinéens, environ 2,8% du PIB.

Les recettes budgétaires ainsi prévues augmentent de 12% par rapport à 2024 et sont pour l’essentiel, adossées aux recettes fiscales qui représentent 90% des projections annuelles, selon le ministre du Budget Facinet Sylla. Dans le même temps, les dépenses budgétaires progressent de 8,4% par rapport à l’exercice précédent.

Ce budget 2025 prévoit que 71% des recettes liquides soient destinées aux dépenses dites « obligatoires », soit un peu plus de 24 000 milliards de francs. Il s’agit notamment des salaires civils et militaires pour 10 035,4 milliards, les subventions au prix de l’électricité pour 3 000 milliards, les pensions civiles et militaires pour 2 218,2 milliards, le service de la dette pour 2 156,0 milliards. L’Etat envisage aussi d’allouer 1 265,1 milliards au fonctionnement des forces de défense et de sécurité et presqu’autant de montant aux budgets d’affectation spéciale (BAS).

Dans les détails, les achats de médicaments, de vaccins et d’engrais pourraient coûter 472,8 milliards, le fonctionnement des hôpitaux 358,5 milliards, les bourses des étudiants en Guinée et à l’étranger 266,4 milliards, le fonctionnement des ambassades 211,1 milliards et le fonctionnement des Institutions Républicaines 200,6 milliards de francs.

Si ce budget apparait comme « ambitieux » comme le soulignent les initiateurs, sa mise en œuvre relèvera d’un parcours de combattant. Dans un contexte marqué par une raréfaction des financements extérieurs, le gouvernement dispose de peu de marge pour combler le déficit de plus de 7 000 milliards et arrondir les angles.

Le ministre de l’Économie et des Finances Mourana Soumah dit vouloir miser sur l’élargissement de l’assiette fiscale et des instruments financiers modernes tels que les Obligations du Trésor et les Emprunts Obligataires pour intensifier les mobilisations de ressources internes. Mais là aussi, la mission s’annonce difficile. Car la progression de la dette intérieure fait rechigner dans les rangs des investisseurs et des souscripteurs présents sur le marché national.

Samuel Camara