Emergence – Le tribunal de première instance de Dixinn a condamné mercredi l’ancien président de la Transition, Capitaine Moussa Dadis Camara, à 20 ans de prison pour son incapacité à stopper le massacre de centaines de manifestants au stade du 28 septembre, à Conakry, en 2009.
Le chef de la junte qui a dirigé la Guinée de 2008 à 2010 était jugé en compagnie de onze autres accusés. Deux sont morts avant l’ouverture du procès.
« Le capitaine Moussa Dadis Camara a complètement manqué à son devoir d’arrêter le massacre », a indiqué le président du tribunal Ibrahima Sory II Tounkara.
Le tribunal a condamné le Colonel Moussa Tiégbro Camara à 20 ans et Aboubacar Diakité alias Toumba à 10 ans de prison. Le Colonel Claude Pivi qui s’est évadé de manière spectaculaire de la Maison centrale de Conakry en novembre a quant à lui écopé de la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sureté de 25 ans.
Quatre autres accusés écopent de peines allant de 10 à 18 ans tandis que quatre sont renvoyés des fins de la poursuite.
Le procès du massacre du 28 septembre 2009 était attendu par les Guinéens comme un véritable test pour le système judiciaire de pays aux ressources minières et agricoles immenses mais fortement ancré dans la violence.
Pour rappel, ce jour, les personnes décrites par le tribunal comme appartenant à la garde présidentielle, à la gendarmerie, à la police et à des groupes armés, ont fait irruption au stade du 28 septembre alors que centaines de personnes participent à un rassemblement de l’opposition pour s’opposer à une candidature éventuelle de Dadis. La répression fait plus de 150 morts, des centaines de blessés et environ 109 femmes violées.
Les faits qualifiés au départ d’assassinats, meurtres, viols, enlèvements, séquestrations ont été requalifiés par le tribunal en « crimes contre l’humanité ».
Les parties ont 15 jours pour interjeter appel, selon le président du tribunal.
Samuel Camara
