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Crise d’électricité : les péripéties d’un « dénouement » trouvé à la Présidence (Dossier exclusif)

Emergence – Depuis très longtemps, la capitale guinéenne n’avait pas connu un tel niveau de dégradation de la desserte en électricité.  Cela pourrait être, dans un avenir proche, un mauvais souvenir. Ce, grâce à   des négociations qui ont abouti à la signature d’un contrat de deux ans avec la société Turque de Kapowership, pour une capacité de 150 MW. L’information a été donnée par le site Mosaiqueguinée.

A défaut de revenir à la normale, à savoir donner le courant H24, la desserte devrait connaitre une grande amélioration.

A préciser que la capacité négociée, qui est de 150 MW ne peut pas combler le déficit qui est de l’ordre de 340MW, selon l’Electricité de Guinée.

Dans tous les cas, ce sera un ouf de soulagement pour une population qui broie du noir depuis des mois.

Ça devrait en être de même pour les autorités qui continuent de faire face aux manifestations de protestation contre la desserte irrégulière. Celles-ci, d’ailleurs, ventent un contrat assez avantageux, avec un coût qui serait deux fois moins salé que l’ancien signé sous le régime défunt, avec une centrale du même type.

Evidemment, on évoque à cet effet, pour y parvenir, d’intenses négociations rondement menées en aval en Turquie, par une délégation composée du ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, et du Conseiller du chef de l’Etat, Ousmane Doumbouya.  Le deal ainsi conclu est indispensable à l’amélioration de la desserte, alors que les turbines des barrages Souapiti et Kaleta, fonctionnent à minima à cause, entre autres, d’une faible précipitation dans la zone.

On apprend que les travaux menés en aval par une équipe à la présidence ont été nécessaires pour réussir ce deal. Cette équipe, nous dit-on, était composée du ministre Secrétaire général, du ministre Directeur de cabinet, des Ministres des Finances, du Budget, de l’Energie, du Gouverneur de la Banque centrale ainsi que de l’administration centrale des grands projets et du haut commandement de la Gendarmerie, représentant le CNRD. Elle   aurait passé au peigne fin tous les détails du nouveau bail, écartant ainsi l’offre faite par le Guinéen Kassus Dioubaté, qu’elle a trouvé trop élevée.

Comment en est-on arrivé là ?

Tout cela n’est pas arrivé comme un cheveu dans la soupe. Encore moins comme des chapeaux de roues.   Il serait parti d’un courrier du ministre de l’Energie adressé au Premier Ministre Bah Oury, il y a environ un mois, afin d’attirer l’attention de celui-ci sur la crise énergétique avec insistance, à l’effet de mettre en place une commission qui va statuer sur le dossier. Mais en vain !

Selon des indiscrétions, ledit courrier aurait fait l’objet de débats passionnants lors du conseil interministériel.  Et que des Ministres, dans la foulée de ces débats, auraient proposés d’apporter leur soutien budgétaire au département de l’Energie afin de résoudre la crise qui, il faut le reconnaitre, impacte sérieusement l’économie nationale.

Cela n’a pas suffi pour faire bouger les lignes au palais de la Colombe. Et c’est finalement la présidence qui va s’approprier le dossier suite aux alertes faites par le ministre de l’Energie, en vue de trouver une solution concertée, rapide et efficace, selon la doctrine   des militaires.  Un comité ad hoc y sera aussitôt mis en place.

Sous l’autorité du Ministre Secrétaire général et du ministre Directeur de Cabinet de la présidence, ce comité de pilotage sera amené à statuer sur trois propositions qui auraient été faites par le ministère de l’énergie.   Ce sont   la location d’une centrale flottante de 200 mégawatts, la mise en place d’une centrale thermique de 100 mégawatts et la réhabilitation des groupes thermiques d’EDG d’une capacité de près 70 mégawatts. Tout cela dans le moyen terme.

Nos sources à la Présidence nous informent que toutes les trois propositions ont été validées au gré de plusieurs tractations. A l’occasion, nous précisent nos sources, le Ministère de l’Energie a insisté sur le retour du bateau turc, au risque de plonger le pays dans une situation indescriptible, dans la mesure ou la SENELEC, la société nationale Sénégalaise d’électricité déciderait de réduire sa production vers la Guinée.

Dans l’urgence, la priorité a été donnée à l’option relative à l’acquisition   d’une centrale flottante puis à la mise sur terre d’une centrale thermique au fuel ou au gaz.

A propos, un projet solaire est en cours de validation avec le département de tutelle. C’est celui de 50 mégawatts de Vinci Energy, à Linsan, dans la préfecture de Kindia. Un des cadres du département se félicite en soutenant qu’aucune étude n’a été réalisée depuis près 15 ans sur le solaire. Et que c’est un cabinet d’expertise qui devrait   procéder, dans un bref délai, à des travaux d’étude. C’est sur la demande du chef du département, lui aussi instruit par son patron au palais Mohamed 5, le Général Mamadi Doumbouya, qui fait du solaire un objectif de sa gouvernance dans les prochaines années.

Pour l’heure, la question qui taraude les esprits, est de savoir à quand le raccordement sur le réseau de l’EDG des énergies provenant de cette nouvelle centrale flottante ?

Nos sources aux finances invitent à la patience en attendant de régler les détails financiers liés aux acomptes à payer à l’entreprise avant la mise en service de sa centrale.

Emergencegn