Emergence-Le Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) vient de publier sa stratégie décennale 2024-2033. Ce rapport, dont Emergence a eu une copie à travers le site officiel du ministère de l’Economie et des Finances, décrit la façon dont la Banque s’y prendra pour adopter des mesures urgentes afin de soutenir les pays africains à gérer les multiples obstacles.
Intitulé « Perspectives économiques en Afrique 2024 », le rapport fait un état des lieux des économies africaines, fournit également un appel à l’action pour que les pays africains et la communauté internationale repensent leur approche envers le développement du continent.
Pour que l’Afrique puisse réaliser pleinement son potentiel économique, une série de réformes ambitieuses en matière de politique économique, de gestion des ressources naturelles et de finance climatique sont essentielles, indique le rapport.
Ainsi, le continent africain aura besoin au moins 402 milliards de dollars chaque année, dit le document, pour combler les déficits de financement dans des domaines clés tels que l’éducation, l’énergie, la productivité, l’agriculture et les infrastructures.
Toujours selon le rapport la mobilisation de ressources supplémentaires au niveau national, y compris par le biais d’investissements dans les immenses ressources naturelles du continent, en particulier les minéraux critiques et les terres rares, associée à une efficience accrue des dépenses publiques, pourrait contribuer à combler une grande partie de ce déficit de financement. Même que les seules ressources nationales ne suffiront pas pour combler le déficit de financement de la transformation structurelle dans de nombreux pays africains d’ici à 2030.
Le document analyse la situation économique actuelle du continent et trace des voies de réformes structurelles nécessaires pour catalyser une croissance durable et inclusive.
Il évoque aussi la question de la dette. L’endettement des pays africains s’est accru sur la dernière décennie et même si le ratio moyen est stabilisé à environ 63,5 % depuis 2021, la dette publique nécessite une surveillance et une gestion prudentes pour éviter des crises de dette, en raison de sa structure. Le rapport indique que les pays africains paient environ cinq points de pourcentage de plus sur le marché international des capitaux comparativement aux emprunts auprès d’institutions telles que la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement. Si la structure de la dette externe du continent devient de plus en plus préoccupante, c’est parce que les paiements du service de la dette absorbent de plus en plus une grosse part des ressources essentielles des pays, ressources qui pourraient être utilisées pour le développement structurel. « Actuellement, le service de la dette externe monte en flèche, éloignant des ressources cruciales de la transformation économique nécessaire. Ce contexte financier tendu renforce la nécessité d’une réforme profonde de l’architecture financière mondiale pour rendre l’accès aux ressources plus équitable et moins onéreux pour l’Afrique », a fait constater Akinwumi Adesina, président de la BAD, en prélude de la présentation des perspectives économiques en Afrique, édition 2024. Même son de cloche chez son vice-président le Pr Kevin Urama, économiste en chef et vice-président pour la gouvernance économique et la gestion des connaissances de la BAD, qui a présenté le rapport : « 70% de la dette extérieure africaine est libellée en dollars, et beaucoup de pays se détournent des financements concessionnels à faible coût pour se tourner vers des financements privés à coût élevé, ce qui aggrave la vulnérabilité du continent. (…) Nous observons une augmentation rapide des paiements du service de la dette externe, qui détourne des ressources essentielles de la transformation structurelle et du développement économique ».
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