Emergence – Le gouvernement guinéen peine encore à éponger sa dette, surtout celle intérieure qui a un impact considérable sur l’économie nationale. Le constat a été fait par le Conseil national de la Transition (CNT) dans son rapport d’adoption de la loi de finances initiales (LFI) 2024.
Le CNT remarque particulièrement le faible niveau de paiement de la dette intérieure. Il constate la liquidation à date de 800 milliards de francs guinéens sur 1 000 milliards de francs guinéens prévus en LFI 2023 par la Direction Nationale de la Dette, mais le Trésor n’a pu effectivement payer que 400 milliards de francs guinéens, soit 50%. Ce qui est une prise en compte partielle de la recommandation faite à ce sujet lors de la loi de finances rectificatives (LFR) 2023, notamment l’apurement total de la dette intérieure.
Au titre des charges financières de la dette, on note que les projections pour 2024 se chiffrent à 1 406,23 milliards de francs guinéens contre une prévision de la LFR 2023 de 1 063,20 milliards de francs guinéens, soit une hausse de 343,03 milliards de francs guinéens (+32,26%). La part des charges financières de la dette dans les dépenses courantes est de 6,27% et se décomposent en intérêts de la dette intérieure pour 810,58 milliards de francs guinéens (57,64%) et en intérêts de la dette extérieure pour 595,66 milliards de francs guinéens (42,36%).
L’encours de la dette rapporté au PIB nominal se dégraderait en passant de 32,50% en 2023 pour s’établir à environ 38,50% en 2024, pour une norme maximale CEDEAO de 70%. Pour la période 2023-2024, on remarque une progression de 6%. Ce rythme d’accroissement est plus intense que celui de la richesse nationale (PIB courant) qui est de 5,4%.
Selon la commission, l’accélération de l’encours de la dette est en grande partie imputable à l’accroissement du niveau de la dette intérieure qui tend à prendre des proportions importantes ces dernières années. Le recours aux prêts commerciaux refait jour et s’explique en partie par le difficile accès aux prêts à taux concessionnels. En effet, ces types d’emprunts se caractérisent par des taux d’intérêt relativement élevés et de courte maturité, à l’image de la convention relative au financement des hôpitaux régionaux.
Au vu de cette situation, la Commission invite le Gouvernement à veiller à ce que les emprunts soient adossés à des projets d’investissement spécifiques et non au financement classique du fonctionnement de l’Etat, qui ne garantit pas le retour sur investissement. Que cela ne tombe pas dans les sourdes oreilles du gouvernement qui trie les recommandations pour les appliquer.
Naplèlon