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Un parfum de corruption et de délation remet en cause la sincérité de la gouvernance au ministère des Infrastructures

Emergence – Le scandale éclabousse le ministère des Infrastructures et des Transports depuis ce dimanche 7 novembre 2021. Au point où le ministre Yaya Sow et sept de ses collaborateurs se retrouvent à être suspendus par le Premier ministre Barnard Goumou.

C’est un Arrêté du Chef du gouvernement lu au journal télévisé de la RTG qui a révélé au grand jour le stratagème. Le ministre Sow et ses collaborateurs dont son Secrétaire général Patrice Toupou, son Chef de cabinet Cheick Ahmed Tidiane Camara et son Conseiller principal Demba Kourouma, son Conseiller juridique Rodrigue Georges Loua, sont suspendus à titre conservatoire pour faute lourde.

A la liste, s’ajoutent aussi le Directeur général du Fonds d’entretien routier (FER) Aly Condé, le Directeur national de l’entretien routier Sâa Yolondé Camara et la Personne responsable des marchés publics Bangaly Kourouma.

Le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire assurera l’intérim durant la procédure.

Sur la raison qui a pu motiver cette décision inédite, les langues commencent à se délier. Si le Premier ministre n’en donne pas des précision, c’est ailleurs nous l’apprendrons. Puisqu’on apprend une sulfureuse affaire de distribution de marchés de curage de caniveaux entre ces cadres.

Des enregistrements audio qui ont fuité laissent comprendre que chacun des fonctionnaires incriminés a bénéfice d’un ou de plusieurs lots qu’il devait parrainer dans ce marché d’un budget global de 16 milliards de francs guinéens.

Nous apprenons également que chaque lot était évalué à 150 millions de francs guinéens. Le ministre Yaya Sow devait bénéficier de 25 lots d’après l’enregistrement sonore.

Justement, s’agissant du ministre Sow, l’homme n’a pas l’intention de se laisser faire. Dans une réaction publiée par Guineenews, il conteste d’abord sa suspension par Arrêté du PM alors qu’il est nommé par un décret présidentiel.

« Je suis serein », a-t-il affirmé, ajoutant n’avoir été informé de l’existence de ce scandale que le vendredi 4 novembre. « J’ai appris que le Secrétaire général Patrice Toupou a organisé une réunion dans son bureau, qui a été enregistrée, à l’insu des participants. Ont participé à cette réunion, le Secrétaire général, le directeur national de l’entretien routier que j’avais suspendu et que le Premier ministre m’avait obligé à faire ramener, le Directeur du Fonds d’Entretien Routier », explique le ministre Yaya Sow, non sans clamer son innocence. « Nous n’avons pas assisté à cette réunion, c’est l’un d’entre eux qui a enregistré, donc c’est entre eux. Quand j’avais suspendu Saa Yolande, le Premier Ministre n’était pas content. Il avait tout fait pour que je le remette à son poste, alors qu’il avait commis une faute grave. Donc, il était en sursis, et j’ai appris que c’est lui qui enregistrait les autres. Il a plein de sociétés. Et Saa est revenu, après sa suspension, pour se venger. C’est donc un complot, en disant dans l’audio que le ministre a demandé ça, alors qu’il n’en est rien. C’est juste que Saa voulait se venger de moi, et le Premier ministre l’a accompagné dans ce projet. Je n’ai jamais interféré dans un marché. J’ai résilié ici un marché de KPC!  En plus, j’ai une pension de retraite de fonctionnaire international de 11.000 dollars par mois ».

Ousmane Sylla