Emergence – A l’image des autres secteurs de l’administration publique, le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a organisé ce vendredi 29 avril, à Conakry, les assises nationales avec l’ensemble des institutions d’enseignement technique et professionnel relevant de son ressort.
Cette rencontre visait à informer les enseignants et élèves du bien-fondé des Assises nationales et de la nécessité pour tous les guinéens d’y prendre part. L’autre visée était aussi d’avoir leurs avis, comme d’autres guinéens victimes, sur les violations des droits de l’homme enregistrées dans le pays.
En présidant la cérémonie, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mory Condé, a déclaré que ces Assises Nationales visent à rassembler les Guinéens autour du Pardon et la Vérité. Mais aussi, à établir des mécanismes de non répétition des violations. « Avec l’aide des partenaires des Nations-Unies, une commission nationale provisoire de réconciliation dirigée par Monseigneur Vincent Coulibaly et le Premier Imam de la Grand Mosquée Fayçal de Conakry, Elhadj Mamadou Saliou Camara, a été mise en place en 2015. Ces deux religieux ont travaillé avec une équipe et ont fait l’état des lieux de l’ensemble des violences, des crimes et des questions de violation des droits de l’Homme que nous avons connus de 1958 à 2015. Ils ont travaillé sur un rapport qui a été remis officiellement au gouvernement à travers le président d’alors », a-t-il révélé.
Le rapport de ces travaux à été classé, parce que touchant à plusieurs intérêts de certaines personnalités qui, à l’époque, étaient censées être proches de ce dirigeant-là, a regretté le ministre Condé
Il a invité les parties présentes à se rappeler de tout ce qui a été posé comme actes positifs ou négatifs et à se dire les vérités. Il a appelé au pardon. « Ceux qui sont prêts à pardonner pour actes subis puissent pardonner et que la justice soit amenée à faire son travail », a-t-il affirmé, en réitérant la volonté du président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya, de bâtir une Guinée nouvelle avec toutes les composantes de la Nation.
Le ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Alpha Bacar Barry à salué la mobilisation des enseignants et élèves des institutions d’Enseignement technique et professionnel.
Pour lui, les Assises au sein de son département constitue un exercice de vérité, de dialogue et chacun doit se débarrasser du venin de la rancœur, du pressentiment et surtout du ressentiment.
« Dialoguer c’est ce qui nous manquait depuis 1958. Parler, échanger et s’aménager dans nos différentes structures des espaces d’échanges au cours desquels nous pourrions nous dire des vérités. Je pense qu’on a commencé un exercice qui ne va pas s’arrêter au 29 avril. Il est d’ailleurs impossible d’arrêter un phénomène social, parce que ça devient un phénomène social que de s’exprimer », a-t-il déclaré.
Le ministre de l’Enseignement technique a souhaité que le Comité d’organisation poursuive la mise en œuvre du processus à tous les niveaux du ministère de l’Enseignement technique. « Que cela soit un exercice automatique, que cela soit quelque chose de dynamique. Que tous nos compatriotes qui travaillent dans les services du ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle puissent s’exprimer librement. Cela va permettre de construire graduellement un environnement apaisé, de dialogue dans notre pays », a-t-il espéré.
En organisant ces Assises Nationales au sein de son ministère, Alpha Bacar Barry a rappelé que les guinéens sont condamnés de vivre ensemble. « Tu peux changer de nationalité, mais on ne changera pas de famille, on ne changera pas de pays et on n’emportera pas le bout de terre qui nous appartient », a-t-il enseigné. « J’invite donc les travailleurs du ministère de l’Enseignement technique à se parler, à dialoguer, à taire les rancœurs ».
A cœur ouvert, plusieurs encadreurs et élèves du département de l’Enseignement technique ont fait des témoignages sur des violences et des violations des droits humains.
A titre d’exemple, le Secrétaire général du département, Dr Youssouf Boundou Sylla, a rappelé avoir été arrêté et emprisonné en 2005 par le régime du Général Lansana Conté à cause de son combat pour la liberté et un État juste. « Lorsque le président Lansana Conté à appris mon arrestation, il a immédiatement ordonné ma libération », a-t-il témoigné.
Un autre citoyen, Ibrahima Mah, habitant de Wanindara dans la commune de Ratoma, a rappelé le calvaire subi régulièrement par sa famille du fait des comportements d’agents de police zélés. « Quand les policiers ne veulent pas que je rentre chez moi, mes enfants et moi restons à la maison sans manger. Le quartier Wanindara est réputé être rebelle. Parfois, quand mes amis me demandent où je loge, j’ai honte de dire que je suis de Wanindara. Pourtant, Wanindara est aussi de la Guinée, c’est un quartier qui relève du territoire national. À Wanindara, il n’y a ni route, ni école publique encore moins d’hôpital. Quand vous allez, il n’y a que des écoles privées. On ne bénéficie pas de services de l’État. C’est ce que nous avons voulu dénoncer et on nous prend pour des rebelles. La seule réparation que nous demandons à l’État, c’est de réparer l’injustice causée car nous avons les mêmes droits que le quartier Almamyah de Conakry 1 »
Il faut dire que les Assises au ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, ont constitué un espace de témoignages émouvants. Mais aussi et surtout de débats constructifs pour une Guinée apaisée.
Daouda Yansané